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Drive My Car
1 personnes ont trouvé cette critique utile
févr. 20, 2022
Complété 0
Globalement 8.0
Histoire 8.5
Acting/Cast 9.5
Musique 7.5
Degrés de Re-visionnage 8.0

"Diriger ou être dirigé ?", telle est la question

Difficile d'aborder la critique de Drive My Car, tant la diffusion de ce film fut précédée d'attentes fortes de ma part. Meilleur scénario à Cannes en 2021, dernier film d'Hamaguchi et surtout Nishijima Hidetoshi en vedette. Sur le papier, il a tout pour (me) plaire. Mais la hype grandissante ces derniers mois, ses 3h00 de durée affichée au compteur et une adaptation d'une toute petite nouvelle de Murakami me laissa perplexe. On le verra, avec une durée digne d'une pièce de Tchekhov, ce film est capable du meilleur comme du pire, comme tout Hamaguchi et Murakami d'ailleurs. La route risque d'être longue, sinueuse, ennuyeuse parfois, mais riche de découvertes sur les autres et sur soi-même. Alors attachez votre ceinture, car cette Review va vous conduire au bord de l'introspection.

Il est vrai que j'aurai mis du temps à voir ce film, sortie en plein été en France, certainement à la va vite, puisque tout juste auréolé de sa palme du meilleur scénario. Il fallait donc vite exploiter le filon pour le distributeur. Mais avec une seule diffusion en plein milieu de la journée dans un seul cinéma du département, j'ai loupé la première salve. Parce qu'une deuxième n'est évidement pas exclue aux vues des nominations, en ce début 2022. Golden Globe, Oscar, ... Ah... quand les Américains s'en mêlent, cela va probablement ouvrir de nouveaux horizons à ce road movie d'un nouveau genre. Et en particulier à Ryūsuke Hamaguchi qui je l'espère augmentera son audience au-delà du cercle restreint des amoureux du cinéma cannois (comprendre : retraités de la fonction publique - bobos - urbains)

On a effectivement affaire ici au dernier film d'un des fleurons de la nouvelle vague cinématographique japonaise. Habitué des festivals classieux/prétentieux, Hamaguchi peut fasciner autant que décevoir. Ses films sont à la fois vus comme de chefs-d'œuvre de sensibilité, mais aussi extrêmement présomptueux. Asoko I, II n'avait enchanté alors que Senses m'ennuyait profondément, par exemples. En 3h Drive my car ne pouvait pas échapper à ses deux facettes du réalisateur, sans que vraiment l'une prennent le dessus sur l'autre d'ailleurs. Tout sera donc question de goût et de sensibilité.

Il faudra, comme souvent, passer les premières minutes, ici très racoleuses, pour toucher au cœur du film. Hamaguchi nous réserve (à nouveau) une trop longue introduction de 30 min qui laisse planer le mystère. Mais qui en fait trop côté scènes éroticos-intellos, à mon sens. Dommage cela pourra rebuter la vision du film dans son ensemble, qui commence réellement après des évènements et des révélations d'une certaine intensité. En considérant que l'histoire débute vraiment à Hiroshima, l'œuvre prend toute sa dimension et clairement, on sent qu'on s'éloigne de la nouvelle originale pour le plus grand bien du film et du spectateur. La partie métaphysique des 30 premières minutes laisse place enfin à des introspections sur les personnages et se déroule alors, devant nos yeux, une galerie de portraits originaux, rafraichissants et extrêmement humains. Très loin des premières minutes, montrant un couple trop parfait. L'un metteur en scène/acteur installé et respecté, l'autre scénariste de génie et tous les deux filant le "parfait" amour depuis des années. On sait bien que dans le Showbiz rien n'est parfait, mais là, le glamour en devenait écœurant jusqu'à ce fameux changement de contexte.

On trouvera dans ce film un foisonnement de thèmes qui vous toucheront :
Comment continuer à vivre avec l'absence de l'autre ? La reconstruction qui aurait pu d'ailleurs être symbolisée par Hiroshima, même si le réalisateur s'en défend. Le deuil, la culpabilité, la solitude, la transmission, la folie parfois proche du génie, etc ... Mais un contexte également, qui à lui seul justifie de si nombreuses nominations ou distinctions pour le milieu du cinéma.

On sait bien que jouer une personne ayant un fort handicape ou un biopic assure une distinction dans ce genre de festival, mais le milieu adore aussi se regarder le nombril. Et quand les thèmes principaux sont les acteurs, les metteurs en scène ou le théâtre classieux pour pas dire classique, l'Oscar n'est pas très loin. S'autorécompenser sur des films "intellos", c'est d'une certaine manière se racheter des Avengers et autres Star Wars qui rapportent tant de fric au cinéma, mais si peu de neurones aux spectateurs. Une schizophrénie dont sont affligés tous les bons acteurs et Nishijima Hidetoshi n'y échappe pas. Autant son jeu est extrêmement mauvais dans le récent drama Shin Hannin Flag, autant il mérite amplement ici la récompense du meilleur acteur. Qu'il aura d'ailleurs peut-être eu à l'heure où vous lisez cette critique encore plus longue que le film

L'amour du théâtre et des acteurs dégouline de ce film et moi qui n'y connais pas grand-chose, je me suis mis à m'intéresser (un peu) à Becket ou à Tchekhov. Ses longues pièces de théâtre plus ou moins contemporaines, parfois ennuyeuses, souvent prétentieuses, mais qui posent un regard sur la condition humaine ne rentrent pas seulement en résonance avec le film. Elles se confondent, sont absorbés jusque dans les longs dialogues dans cette voiture, qui malgré ce que l'on pouvait croire n'est pas le centre d'intérêt majeur du film. C'est vraiment cette mise en scène et ses jeux d'acteurs qui fascinent. Le scénario, un peu certes, mais on a le temps de le détricoter en 3h. Quelques Twists intéressants vous surprendront peut-être, mais ne vous attendez pas tout de même à un effet Ouahou !

Hamaguchi s'est amusé à reprendre les situations en réel des pièces et vous vous amuserez probablement à trouver tous ses clins d'œils classieux.
Le casting cosmopolite joue certainement aussi en la faveur de récompenses internationales, mais je ne pense pas qu'il y avait des arrières pensés United Colors of Benetton. D'ailleurs Hamaguchi avait bien l'intention de tourner en Corée, s'il n'y avait pas eu la pandémie, histoire de bien effacer le passé du metteur en scène avec un cadre plus "exotique". Du coup, je ne sais pas comment les habitants de Hiroshima doivent comprendre le choix de leur ville...

Je n'ai pas beaucoup parlé des acteurs, puisqu'ils ont tous formidables et font partie du haut du panier d'acteurs de cinéma comme de dramas en Asie. Ils aideront par leur bienveillance, mais aussi par leur propre histoire, Nishijima Hidetoshi à lâcher prise, à se laisser conduire, lui si habitué à diriger les autres... et sa voiture.

Dans l'éventualité où vous aimez un tant soit peu le théâtre, le bon jeu d'acteur, les belles lignes de dialogues, longues, mais profondes de sens... et la Saab 300 Turbo, tout de même, vous vous laisserez conduire jusqu'à la fin, on ne peut plus touchante de ce film concept, qui vous rappellera que l'important dans un voyage ce n'est pas la destination, mais la route.

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The Summer Pasta Recipe
2 personnes ont trouvé cette critique utile
par Link
févr. 14, 2022
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Globalement 7.0
Histoire 7.0
Acting/Cast 7.0
Musique 7.0
Degrés de Re-visionnage 7.0

Discret et tendre moment autour d'un plat de pâtes par Strongberry

Les pâtes c'est de la farine et de l'œuf. C'est la base de la cuisine, mais ce qui est formidable avec les pâtes c'est qu'elles n'ont jamais le même goût en fonction de la préparation. Certains plats vont créer chez nous des souvenirs. Une relation, c'est pareil. Aucune n'est identique, mais nous gardons des souvenirs - un lieu, un vêtement ou un plat.

Pas de flash-back inutiles, seulement une conversation entre deux anciens amants autour de la préparation d'un plat de pâtes. Cette conversation qui amène des souvenirs...
« Ça me fait penser à ce moment... Celui-ci me fait penser à cette fois où... » etc.
Au travers des échanges, on découvre ce qu'était leur relation et ce qu'elle est devenue. Comment ils étaient et ce qu'ils sont, aujourd'hui. Certains aveux sont prononcés, d'autres ont besoin d'être devinés. Des regrets et des sourires autour d'un bon repas.

L'image est maîtrisée, les lumières sont chaleureuses. La réalisation est propre. Une petite douceur avec son émotion discrète, mais bien présente.

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Hospitalite
0 personnes ont trouvé cette critique utile
févr. 1, 2022
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Globalement 7.5
Histoire 7.5
Acting/Cast 9.0
Musique 3.5
Degrés de Re-visionnage 5.5

L'histoire du coucou qui prend le nid de l'autre est éternelle...

Impossible de ne pas penser à Parasite, du fait de son succès mondial, mais Hospitalité est bien antérieur, non que Bong Joon Hoo ait « copié », car les histoires de parasites qui envahissent l’espace d’un autre ne sont pas nouvelles, depuis le coucou, et en France nous avons eu « Harry, un ami qui vous veut du bien »dont j’ai un souvenir assez glaçant !
Le film de Fukada, lui, choisit volontairement dès le départ le ton plutôt comique, d’ailleurs le dénouement est sans drame, avec simplement un grand ménage à faire dans une maison ravagée par une horde de squatters… ça aurait vraiment pu finir en tragédie, on ne la sent pas loin, derrière les répliques drôles et le culot incroyable de M.Kagawa, mais Fukada l’a délibérément laissée de côté, et je dois dire que j’ai aimé ce choix, qui permet d’apprécier ce film sans se sentir étouffé par l’angoisse que ce genre de situation peut impliquer (c’est mon cas, l’image de la perte de l’espace vital, du choix de vie me gêne considérablement ! ) Il y a quand même une critique assez acerbe de la lâcheté inhérente au refus de se laisser aller à être soi-même : dire à quelqu’un « va t’en de chez moi ! » n’est pas si simple quand l’adversaire utilises toutes les armes sociales pour vous donner mauvaise conscience ! D’ailleurs M.Kagawa n’est pas le squatter égoïste qu’on imagine, mais un homme qui a un projet social et qui prend en charge avec talent mais sans scrupules une communauté…
Un mot sur l’acteur qui interprète M.Kagawa avec un brio, une faconde et un abattage impayable ! C’est sûr que le pauvre Kiki a peu de chance de lui résister !
Au total, c’est un film bien moins ambitieux que ceux déjà vus, mais où la maîtrise de cadrage et et de réalisation et de direction d’acteur de Kôji Fukada est déjà bien présente. C’est un moment divertissant, drôle mais qui laisse quand même des questions sur la société japonaise…

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Swordsman
0 personnes ont trouvé cette critique utile
févr. 1, 2022
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Globalement 7.0
Histoire 7.0
Acting/Cast 9.5
Musique 6.0
Degrés de Re-visionnage 5.0

L'amour d'un père pour sa fille... et son talent d'épéiste.

je me suis laissée séduire par ce film (on se demande pour quoi !) et je n'ai pas du tout été déçue !
Oui, l'histoire est simple, mais suffisamment intrigante par les silences de Jang Hyuk et par quelques flash back très bien placés qui expliquent son mutisme et son amour inconditionnel pour la fille qu'il a élevée seul ,pour qu'on ne lâche pas le fil.
C'est pour elle qu'il repart au combat, et quels combats !! Jang Hyuk a très bien entretenu sa forme physique d'ancien champion de taekwendo, même si on sait que c'est "du cinéma" ça tient vraiment la route au niveau du réalisme, et le sang gicle juste au bon moment, et pour une fois ce n'est pas flouté comme dans les dramas ! En plus, la coiffure échevelée façon « Dae Gil » lui va très bien !
En fait le personnage est en train de perdre la vue, il n'est pas vraiment aveugle comme le dit faussement la 4è de couv' du DVD !
J'avais tout à fait le sentiment d'être dans un de mes sageuks habituels, car une bonne partie de la distribution est composée d'habitués (le seigneur Lee n'est autre que le Dr Do de "romantic doctor " et le reste à l'avenant). Ils n'en sont tous que meilleurs, c'est un casting solide et qui encadre parfaitement Jang Hyuk et sa performance. Pas de cris, ou de rires bizarres, mais une voix un peu sourde, peu de paroles, ou de gestes, seuls les regards parlent ! Et Dieu sait qu'ils sont expressifs !
Il faut quand même parler de Joe Taslim, qui fait un"méchant"très convaincant !
Joe Taslim est un acteur et artiste en art martial indonésien d'origine malaise et chinoise . Il a également été membre de l'équipe nationale indonésienne de judo de 1997 à 2009 et il donne parfaitement la réplique (enfin l’épée en main ! ) à Jang Hyuk
Il m'a semblé revoir Dae Gil, l'homme fidèle à un seul amour, ici à un seul roi, portant une blessure ineffaçable ! et comme le disait une amie, j’ai eu peur qu’il connaisse la même fin !
Je n'ai pas remarqué la musique, ce qui, chez moi, est très bon signe ! mais le travail de photo, cadrages et réalisation était excellent, les scènes de combat remarquablement chorégraphiées !
Il y avait quelques belles images de galop dans la brume, mais malheureusement je ne peux plus les capturer !
ça m'a donné furieusement envie de revoir "Chuno"... (d'ailleurs, depuis je l'ai revu ! )

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Tampopo
0 personnes ont trouvé cette critique utile
janv. 29, 2022
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Globalement 8.0
Histoire 8.0
Acting/Cast 9.0
Musique 7.0
Degrés de Re-visionnage 7.0

La cuisine est ici le chemin de la vie, la métaphore de l'humanité...

Tampopo (Pissenlit en japonais) tient une petite gargotte de ramen. Elle est veuve avec un fils qui se fait malmener par ses copains de l’école primaire. Un jour un camion citerne s’arrête et le chauffeur et son co-équipier entre manger. Comme les deux hommes trouvent les ramen mauvaises et qu’ils ont l’air de s’y connaître (surtout Goro le chauffeur au look de cow-boy), elle leur demande de lui apprendre.

Cet apprentissage va donner lieu à plusieurs digressions toutes aussi savoureuses les unes que les autres, car pour les Japonais, la Cuisine est un art à part entière, comme la Poterie ou le Sabre et ce film est l’essence même du Japon.
La narrations est tout sauf linéaire : on se promène dans ce film en croisant des personnages différents plus ou moins reliés à l’histoire, ou même pas du tout comme le yakuza en costume blanc et sa maîtresse. La cuisine en tant qu’art où tous les sens sont mis à contribution est la trame même du film(le yakuza et sa maîtresse nous prouvent que les plaisir du palais sont étroitement liés à d’autres plaisirs ! )
On y croise tous les milieux depuis des clodos jusqu’à un riche bourgeois et le lien commun est toujours l’art culinaire. Petit à petit la gargotte de Tampopo va devenir un petit restaurant où les gens font la queue, car tout est lié : l’aspect de la cuisine, l’allure de la cuisinière rendent la cuisine encore meilleure ! Et comme ce film est japonais, bien sûr la fin est parfaite, positive, (Ah ! la scène de l’apprentissage de la façon de manger les spaghettis sans bruit, ou celle où les clochards chantent…) heureuse, mais avec une légère et douce mélancolie, quand le camion-citerne s’éloigne pour la dernière fois sur son autoroute !

Ce film est une potion magique, une tranche de pur bonheur qui devrait être remboursée par la sécurité sociale. Impossible de ne pas le finir le sourire aux lèvres avec l’envie irrépressible de se mettre au fourneau !!

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True Mothers
1 personnes ont trouvé cette critique utile
janv. 29, 2022
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Globalement 9.0
Histoire 9.0
Acting/Cast 9.5
Musique 9.0
Degrés de Re-visionnage 9.0

Vers la lumière, enfin

Le cinéma de Naomi Kawase ne m'a jamais emballé, peut être à cause de cette propension des acteurs de la distribution du cinéma en France à la mettre en avant. En ignorant, voir en méprisant des dizaines d'autres réalisateurs n'ayant pas moins de talent, mais ne faisant pas l'affiche chaque année des festivals bobos, Canne en tête et consacrant à chaque fois les mêmes réalisateurs. Du coup, je me mettais à me comporter moi-même comme ses producteurs, responsables de salles ou distributeurs méprisants. À mettre de côté toutes ses œuvres, depuis Hikari qui m'avait déçu et encore plus depuis l'annonce du très banquable Voyage à Yoshino, quintessence des relations du cinéma d'auteurs Franco-Japonais qui se regarde le nombril. Mais quel con…, je parle de moi, bien sûr, car il n'y a évidement que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.

C'est donc vraiment par hasard que j'en viens à chroniquer un film de Naomi Kawase (à l'occidental donc). Effectivement, mon appétit pour le cinéma Japonais va jusqu'à regarder des films sans même lire le pitch et m'intéresser au réalisateur. Seuls quelques indices m'avaient poussé à regarder à l'aveugle True Mothers. Mais qu'on ne s'y trompe pas, même si je ne suis plus la réalisatrice depuis des années, son style qui m'avait irrité à l'époque, déborde dès les premières minutes. Malgré cela, l'habituelle caméra au point, semble éviter les tremblements dans certains contextes et un effort est consenti pour ne pas saturer les images de gros plans. On notera évidemment l'omniprésence de la nature, des feuillages en particulier avec cette lumière qui les traverse, ses couchés de soleils qui se reflètent sur la mer, ses bruits de vagues ou de vents, et cette saturation de la lumière. On peut aimer, sait toujours très poétique et pour une fois, je trouve que ça sert bien l'histoire sans ennuyer malgré les 2 h 30 du film. Accompagné d'une musique du plus bel effet d'un des maitres japonais de la composition associée au son de la nature actuel, Kosemura Akira, vos sens seront exacerbés, jusqu'à vous transporter peut-être dans un état méditatif ?

Ses pauses dans l'histoire amènent à la réflexion comme pour les différents protagonistes et on arrive du coup à bien se plonger dans leur vie et leurs soucis. La force de ce film réside dans les différents situations dépeintes autour du même thème. Il est toujours casse-gueule de vouloir, dans une œuvre, montrer différents aspects de la féminité et de la maternité en particulier, surtout à travers différents personnages. On échappe rarement à la caricature, mais il faut dire que la réalisatrice, grâce à son style très contemplatif et poétique, a su viser juste et a su, même pour un bonhomme, comme moi toucher mon cœur avec cette ode à la parentalité. Extrêmement bien monté et découpé dans le déroulement de l'histoire, grâce à une temporalité et des lieux qui s'opposent, s'entrechoquent par des allez-retours incessants. Ceux-ci ne sont jamais inutiles, mais amènent une confusion dans l'esprit du spectateur et un questionnement permanent. Faisant constamment le parallèle avec la confusion dans l'esprit des personnages, qui ne fait que se révéler plus au fil de l'avancer de l'histoire. Le dénouement lèvera le doute sur certain anachronisme et tout deviendra claire, voir éblouissant, comme cette lumière si chère à la réalisatrice. Pas de maquillage inutile pour paraître 10 ans de moins, pas de sous-titre affichant "3 ans avant". Tout est fluide et permet de s'immerger dans l'histoire. Pas de voix off non plus, on vit avec les personnages et on se met forcément à la place de l'un d'eux ou de tous car tout le monde évolue et peut se reconnaitre à un moment de sa vie.

Les acteurs sont, évidement, excellents. On en attendait pas moins, mais surtout touchant. Chacun montre une facette de la parentalité, jusqu'au parent de Hikari (tiens donc), la jeune maman qui doit aussi être compris et entendu. Pas de manichéisme, chaque personnage, chaque situation doit être comprise. La nationalité ou la culture, ici n'as rien à voir, le thème est universel et la poésie qui se dégage de la réalisation renforce les choses.

Je termine sur ce choix audacieux, mais tellement évident, de mettre en avant le titre Asa no hikari des C&K que l'on entend tellement dans le film. Jusqu'à une version piano dans la forêt, qui pourrait vous amener à l'écœurement, mais que toute personne sensible écoutera jusqu'à la fin du générique, tant elle est sublimée à ce moment. J'en suis convaincu, vous ne sortirez pas déçu de cette œuvre.

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Qing Zan Suo San Qian
1 personnes ont trouvé cette critique utile
janv. 21, 2022
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Globalement 8.0
Histoire 7.0
Acting/Cast 9.0
Musique 8.0
Degrés de Re-visionnage 1.0
Cette critique peut contenir des spoilers

BOF BOF BOF, pas un chef d'oeuvre...

Dans ce film, romantico-culinaire, situé à Shanghai dans les années 1920-1930, ils ont utilisé tous les clichés des dramas :
- ML riche et arrogant,
- FL "don du ciel" mais cuisinière talentueuse,
- famille avide qui fait des tricks pour avoir la fortune,
- bataille d'alcool
etc.

Les acteurs font de leur mieux, mais c'est difficile de rendre crédible une histoire où tout est artificiel et plaqué.
La représentation de l'ivresse, de l'imaginaire, est étrange plutôt mal ficelée. Les décors font très artificiels.

Vous pouvez éviter de regarder de ce film, vous ne raterez pas un masterpiece.

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Homme Fatale
1 personnes ont trouvé cette critique utile
janv. 21, 2022
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Globalement 9.5
Histoire 9.5
Acting/Cast 10
Musique 8.0
Degrés de Re-visionnage 8.0
Cette critique peut contenir des spoilers

Un film romantique émouvant où Junho démontre une fois de plus, tout son talent

Le film commence comme une comédie, un peu féministe (ce qui ne fait pas de mal :), une satire de cette époque en Corée où les hommes avaient tous les droits et les femmes, bien peu.
On y retrouve aussi (ce qui perdure dans la culture coréenne) le poids du statut (du rang) social.

Le ton devient plus doux-amer à mesure que les sentiments se renforcent, et de façon réaliste, il n'y a pas vraiment de Happy End.

Les images sont belles, la musique accompagne parfaitement l'évolution des personnages, et il faut féliciter les acteurs pour incarner ainsi leurs personnages.

J'ai regardé ce film pour Junho, et je m'en félicite car j'ai pu constaté une fois de plus, que ce n'est pas seulement une idol, mais également un très grand acteur ❤❤❤

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Red
1 personnes ont trouvé cette critique utile
janv. 19, 2022
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Globalement 8.5
Histoire 8.5
Acting/Cast 9.5
Musique 7.5
Degrés de Re-visionnage 8.0

Mother, ou pas ...

Tsumabuki Satoshi acteur reconnu et populaire auprès de la gent féminine, et on peut le comprendre, vu son physique, a eu ses dernières semaines deux de ses films à l'affiche en même temps en France. Mais dans un registre assez différent puisque the Asadas est plutôt orienté comédie… pleine de sensibilité, quand même, alors que Red, sortie chez nous sous le nom tordu de The Housewife (au cas où on n'aurait pas compris) vous fera vivre une histoire d'amour passionnée, mais impossible, et cela, pour différentes raisons que vous découvrirez tout au long d'une mise en scène de haute volé qui laisse planer le mystère jusqu'à la dernière minute de ses 2 h 30.

À commencer par ce Road Trip entre les deux protagonistes à travers une tempête de neige, qui servira de fil conducteur à une histoire qui pourrait être simplement qualifiée de coucherie si on restait sur certains moments assez chauds. Passons rapidement sur ses scènes qui tout en voulant être subjectives, n'en sont pas moins trop longue pour envisager de voir ce film en famille, pour nous concentrer, si on y arrive encore, sur le sujet principal de cette œuvre. Cela tombe bien, c'est justement la place de la famille dans les relations amoureuses qui est questionnée ici, ou peut-être la place des relations amoureuses dans la famille selon l'avancé de l'histoire. Et cela à travers l'évolution d'une jeune "Mère au foyer" en la personne de l'excellente actrice Kaho. Autant je n'avais pas fait attention à elle dans de mignons dramas comme Coffee ga ikaga deshou ka, autant elle donne tout son potentiel dans les salles de cinéma et dans cet œuvre en particulier. Ses sentiments sont justes, retombant follement amoureuse à la vu de son ancien amant, se rappelant sa vie active, avant de se marier et d'avoir un enfant trop jeune, certainement.

Cette traversée, que l'on suppose du pays et sous cette tempête très anxiogène, nous fait penser à une fuite, mais une fuite de quoi. L'histoire se déroule, entrecoupée de ses scènes qui ne semblent pourtant pas être liées, ce qui donne inévitablement envie de connaitre le dénouement, qui je vous rassure aura bien lieu. Pas de fin ouverte, si vous savez interpréter les signes, évidement, mais une confrontation à une réalité brute qui ne peut pas décevoir. La vie n'est pas simple pour les femmes, comme le rappel un dialogue du film, mais elle ne l'est pas non plus pour leur entourage. Et cette vision de la réalisatrice est salutaire, loin d'un Anoko l'Aristo. Mishima Yukiko qui signe aussi le scénario, livre ici une œuvre réfléchit sans manichéisme. Une histoire ou personne ne sortira indemne. Des choix qui influenceront tout le reste d'une vie doivent être faits et on se sent vraiment embarqué dans les questionnements de notre héroïne. Certain diront que ses choix peuvent être les mauvais, mais qui sommes-nous pour juger ? Seule l'omniprésence d'alléluia par Jeff Buckley devrait vous irriter, et c'est peut-être le seul choix discutable, vu sa connotation.

Au fur et à mesure que l'histoire avance, vous les comprendrez et peut être même que vous les approuverez. Mais réfléchissez bien, une fois engager sur cette route sinueuse de montagne la tempête est telle qu'il n'y a pas de retour possible.

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La famille Asada
1 personnes ont trouvé cette critique utile
janv. 17, 2022
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Globalement 9.0
Histoire 9.0
Acting/Cast 9.5
Musique 8.0
Degrés de Re-visionnage 8.5

The Asaddams family

La famille, concept de plus en plus flou dans nos sociétés modernes, mais qui semble avoir tellement repris d'importance après 2 ans de restrictions de vie sociale. Fonder une famille, dernière aventure moderne, et pour ceux justement, qui préfèrent partir à l'aventure, garder des liens et prendre soin des siens est un véritable dilemme surtout quand on a été choyé par celle-ci, que c'est elle qui nous a forgé, soutenu, nourri jusqu'à la fin de nos études. C'est celui de Ninomiya Kazunari, connu pour être un des 5 membres du boys band Arashii, mais qui, à 38 ans est avant tout un acteur apprécié et reconnu au Japon. Sa gueule d'ange lui permet d'être l'antihéros de cette biographie, commençant à l'adolescence jusqu'aux funérailles de son père. Ce sont précisément les premières secondes du film qui introduise cette introspection, faite avec son grand frère. Cela nous permet de s'imprégner de l'ambiance de cette famille Asada, décrite comme atypique, mais qui finalement ressemble à la majorité des familles de la planète.

Cette œuvre est avant tout un hymne à ce noyau sociétal qu'est la famille, à l'amour porté par les siens sur les autres. Parents sur enfants, copine d'enfance sur copain, grand frère sur petit frère, et cela, même s'il dit le contraire. La place du petit dernier dans une famille semble toujours être particulière et avoir trois modèles à la maison semble être compliqué, pour se forger une personnalité. Entre la mère ayant réalisé son rêve d'être infirmière en chef, le père homme au foyer et le grand frère donneur de leçons, Ninomiya Kazunari se cherche, donc, dans une grande partie du film. Mais clairement l'hommage aux parents est aussi omniprésent et le réalisateur Nakano Ryota, qu'il faudra suivre à l'avenir, touche à chaque fois notre cœur.

En choisissant comme thème la photographie et en nous projetant dans la réalité de ses 20 dernières années, cette œuvre accentue encore la nostalgie et les souvenirs, même pour des occidentaux. Elle rappelle à quelle point l'image est important e dans la culture japonaise. Les kanjis, les mangas, la contemplation de la nature ou la photographie donc, font partie de l'âme de cette nation qui aime à se remémorer les émotions par l'image. Nakano Ryota aime l'image, pour un réalisateur cela va de soi. Mais il arrive à nous transmettre cet amour de la photographie dans ce film touchant drôle et qui prend une autre dimension à la mi-parcours. Après nous avoir fait rire durant une bonne partie du film (pas aux éclats non plus, car le héros reste irritant par sa nonchalance), il nous transporte dans un tout autre univers d'émotions et les acteurs introduit à ce moment-là, comme les situations en sont pour beaucoup. Une agréable surprise de voir, Masaki suda, toujours dans la retenue ou Watanabe Makiko dans l'énergie communicative. Ses nouveaux compagnons de jeux vont le transformer et transformer le film. Comme si Ninomiya Kazunari devenait enfin adulte et trouvait un sens à sa vie.

Les acteurs sont tous très bons et quelle joie de revoir Tsumabuki Satoshi, le vétérinaire parfait de Kiken na Venus en grand frère un peu jaloux. L'académie de cinéma japonaise ne s'est pas trompée puisqu'elle a récompensé une nouvelle fois Kuroki Haru, qui pourtant a un rôle très secondaire. Étrange, j'aurais plutôt vu un des deux frères ou même les parents avoir ce genre de récompenses. Mais l'actrice de "Dans un jardin que l'on dirait éternel" joue tellement bien les amoureuses transies, mais patientes, qu'on adhère.

Les valeurs transmises par une famille aimante n'ont pas de prix et c'est dans cette micro société qu'on fait germer les graines qui donneront les champs qui nourriront le monde d'amour. C'est ce que ce film retranscrit à merveille par ses deux parties parfaitement liées. Si tu prends soin de ta famille, tu soignes le monde.

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Anoko is an Aristocrat
3 personnes ont trouvé cette critique utile
janv. 16, 2022
Complété 6
Globalement 7.0
Histoire 7.5
Acting/Cast 8.5
Musique 7.0
Degrés de Re-visionnage 7.0

Je suis aristo, c'est pas de pot !

Les films de cinéma indépendant japonais respirent toujours l'air du temps et nous obligent souvent à regarder notre société dans les yeux. Anoko is an Aristocrat ne déroge pas à la règle et ambitionne de résumer la condition féminine (japonaise) des années 2010 en 2 h. Bien sûr, ne vous attendez pas à des révélations ou quoi que ce soit d'original si vous connaissez un tant soit peu la société japonaise au-delà des clichés de savoir vivre et de finesse. Dramas et autres supports mettent en scène, depuis des décennies, les aspirations d'indépendance des femmes dans une des dernières sociétés patriarcales des pays dit riches. Indépendance qui rentre continuellement en contradiction avec le syndrome du conte de fée "mariage/petite famille modèle avant 30 ans", qui a la vie dure dans l'imaginaire collectif. Ce film aurait tout aussi bien pu sortir il y a 10, 20 ou 50 ans. D'autant plus que la réalisatrice, Sode Yukiko, ne cherche pas à en mettre plein les yeux par une production outrancière ou des décors à couper le souffle. J'irai même jusqu'à dire que le choix des acteurs, peut-être pour une question de budget, n'a rien de tape à l'œil. Même s'ils sont tous très bons dans leur rôle.

L'argent, c'est vraiment un sujet central dans ce film inutilement coupé en 5 chapitres, comme un roman, dont il est justement une adaptation. Sur la longueur, on comprend mal ce choix qui n'apporte pas grand-chose. Oui, les allez-retours entre le présent et le passé sont constants, dévoilant petit à petit les relations qui lient chacun, mais cette mise en scène fait assurément très scolaire. Comme cette surenchère dans le lourd quand notre héroïne aristocrate mets les pieds dans un Izakaya où les toilettes n'ont plus été nettoyées depuis l'époque Edo et les hommes semblent sortir de prison tant ils sont rustres. Parallèlement, la rencontre avec son futur marie est tellement surjouée dans le côté prince charmant qu'on espère rapidement avoir affaire à un serial killer pour faire disparaitre tout ce miel qui a dégouliné sur l'écran.

Heureusement ou malheureusement, il n'en est rien et le film continue à dépeindre la vie de femmes (les hommes sont au boulot ...eux) de différents rangs sociaux. Tokyo est présenté comme le mix de Neuilly et Bombay où les castes ne se mélangent pas ou alors juste dans les bars à hôtesses. Pourtant, ses femmes vont se rencontrer et apprendre chacune l'une de l'autre. C'est bien des discussions calmes et posées auxquelles vous allez assister. Sans effusion de colère entre la femme et l'ex-maitresse ou de jalousie pour les autres protagonistes, moins riches, moins intégrées, etc... Avec des renoncements pour chacune d'elle, mais également l'espoir d'une vie meilleure.

Le parti pris de situer l'histoire dans un monde recroquevillé sur lui-même de politiciens, médecins ou avocats n'est qu'un prétexte pour nous présenter une liste non exhaustive de profils féminins d'aujourd'hui. Si finalement, les aspirations de liberté et d'être maître de son destin apparaissent comme évidentes à toutes, chacune cherche à y parvenir à sa manière. Même si le point de vue de la réalisatrice ou du roman suggère, en filigrane, qu'on ne peut pas être heureux en couple... pour une femme... au Japon. Car une fois de plus, indépendance rime avec shigoto, shigoto, shigoto. Mais quel dommage encore, que dans une ville de 30 millions d'habitants, on nous présente les incontournables bars à hôtesses comme le seul moyen de gagner sa vie pour une provinciale. Malheureusement, au bout de quelques dizaines de minutes, je ne voyais plus que des tonnes de clichés dans ce film qui joue du coup, selon moi, en la défaveur de la cause féminine.

Les hommes sont vus au mieux comme des machos arrivistes, au pire comme des parasites soulards et dégueulasses, jusqu'au propre frère de Mizuhara Kiko. Le dégout suggéré au spectateur envers les hommes n'a apriori pas suffit à la réalisatrice, puisse qu'elle dépeint les femmes des générations "d'avant" comme des complices ou responsables du manque de liberté de la femme moderne. Les mères et grands-mères sont critiquées, en décrivant des situations obsessionnelles sur l'argent ou la succession. Tout est too much, mais nul doute que ce film satisfera un bon nombre d'occidentaux tellement contents de vivre dans un pays si avant-gardiste sur les droits sociaux, complètement à l'opposé d'un Japon rétrograde. J'en viens à me demander si Mizuhara Kiko n'a pas été choisie justement pour ses origines américaines. Je sais, je vois le mal partout. En Mikasa du dispensable Attaque des Titans, le film, ça peut se justifier, mais là ... Vouloir différencier physiquement les deux actrices principales, à ce point, me met mal à l'aise, surtout si c'est pour opposer un Japon traditionnel (la pureté) et moderne (le mélange). L'histoire n'avait pas besoin de ça et je m'excuse d'avance de mon interprétation erronée, au cas où.

Ne vous m'éprenez pas, je n'ai pas détesté le film. La contemplation des visages, des regards en gros plans, les silences et non-dits, la fin ouverte, tout rappelle le cinéma de Hamaguchi Ryusuke. Mais j'aurais tant désiré, à l'instar d'une Valérie Lemercier qui sait se moquer de l'aristocratie sans lui cracher dessus, que les messages passent avec un peu plus d'humour. La vie des gosses de riches n'est pas simple, mais de là à la présenter toujours comme une cage d'orée. La vie des provinciaux, non plus évidemment, mais pourquoi imaginer constamment que les femmes n'ont que leur corps, pour survivre à Tokyo. Ou encore, que l'on ne peut être heureux que dans un métier artistique, à parcourir le monde en éclaboussant son indépendance et son bonheur aux visages de tous.

Désolé pour le son de cloche sûrement différent des autres critiques dithyrambiques sur ce film. Certains diront même que c'est facile pour moi de critiquer, puisque je suis un homme. Et c'est surement là que l'on sent le plus notre différence de castes.

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La Saveur des Rāmen
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janv. 16, 2022
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Globalement 7.5
Histoire 8.5
Acting/Cast 9.0
Musique 5.0
Degrés de Re-visionnage 4.5

la cuisine est un vecteur universel de réconciliation...

C’est un film a aller absolument voir avec le ventre bien rempli, sous peine de souffrir tout du long de la projection, car la cuisine, la nourriture, le repas sont des éléments essentiels du film. D’ailleurs je me suis mise en quête de la recette de soupe d’os de porc aussitôt finie la séance !
Ce film est délicieux, chaleureux et en même temps très émouvant. Masato va comprendre bien des choses du passé de ses parents, découvrir aussi l’impact que l’occupation japonaise a eu sur les peuples conquis, chose qui n’est pas vraiment enseignée au Japon, et le choc est brutal.
L’élément le plus touchant et le plus convaincant du film est l’utilisation de la cuisine comme d’un langage à part entière permettant de franchir les douleurs du passé, la barrière de la langue, et d’apporter pardon et rédemption d’une façon charnelle, primitive et indiscutable.
C’est un pur moment de bonheur simple qui réchauffe l’âme, et le corps, si on se met ensuite aux fourneaux !

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Sayonara
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janv. 16, 2022
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Globalement 9.5
Histoire 9.0
Acting/Cast 9.0
Musique 7.5
Degrés de Re-visionnage 7.0

Les gens partent mais la Terre reste et...

(au passage je relève que sur les 3 films de Fukuda que j’ai vus il y a toujours des éléments étrangers, extérieurs au Japon, des métissages de langue, car ici Tanya et Léona parlent alternativement anglais, japonais, ou même allemand et français, et ici l'alernative est femme étrangère / A.I…)

Film fascinant, prenant et hypnotique, ouvrant des abîmes sur plusieurs perspectives : l’apocalypse et sa suite, le rapport humain/AI, …
Les premières images montrent (mais au loin, et rapidement, on n’approche jamais la catastrophe) les centrales brulant et explosant, comme un horizon rougeoyant…
Le film se passe dans la campagne, une campagne de landes vallonnées, où les houppes d’or pâle des miscanthus balancent au souffle de la brise sur un horizon de montagnes forestières… On est souvent dans la pièce où se tient l’héroïne, devant la fenêtre ouverte sur le ciel, vaste et par son talent inouï pour les cadrages Fukada nous place constamment en sensation d’espace, même quand on est à l’intérieur. Le ciel est clair, barré nuages légers, ni pluie, ni vent ni tempête… Plus on avance plus c’est calme… On ne voit pas de destruction, on entend seulement dire que telle ou telle chose s’arrête, que le dernier train est demain, que le dernier journal était hier… Malgré tout, c’est un souvenir de lumière et de clarté que laisse le film et j’ai repensé au « soupir des vagues » et à la beauté froide et indifférente de la nature. Ici, celle qui va rester jusqu’au bout avec Tanya, c’est un robot, un androïde, une A.I.
Le fait que ce soit une vraie machine comme actrice ajoute en soi une force étrange au film.
Au début, Tanya mène une vie normale, elle a des amis, un amoureux, elle fait du vélo…Si ce n’était les phrases rappelant que nous sommes à la fin d’un monde, on ne s’en douterait pas… Leona, l’androïde, est ce qu’elle doit être, une machine, qui parle et converse avec Tanya. Une sorte de fusion se fait peu à peu entre les deux, mais le temps n’a pas la même durée pour chacune… l’idée de génie de Fukuda c’est la fin, ou plutôt les fins car plusieurs fois on attend l’apparition du mot fin mais ça repart encore, et encore, dans une succession de crépuscule et d’aube…Jusqu’à la vraie fin où certains ont voulu voir une note d’espoir, mais pour moi, si espoir il y a, il est pour la Nature et la Terre, mais pour l’Humanité… pas sûr !

Ce film est magnifique par l’art sublime du cadre et de la lumière de Fukada, par la profondeur du thème et il nous laisse sur une longue impression de beauté évanescente et mélancolique, et en même temps comme l’écho de la dernière note d’un glas… Mais il n’y a pas de tristesse, pas de larmes, pas de douleur, seul un sentiment d’avoir senti vraiment la puissance du Temps

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The Man From the Sea
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janv. 16, 2022
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Globalement 8.5
Histoire 9.0
Acting/Cast 8.5
Musique 5.5
Degrés de Re-visionnage 3.5

Vint à passer un bel et sombre inconnu...

J’ai aimé ce film, son incertitude, sa beauté plastique, la jonction délicate entre le fantastique (léger, à peine perceptible) et la réalité (le souvenir indélébile du tsunami et la façon éternelle dont l’adolescence découvre l’amour…) Le film se passe en Indonésie, on y parle donc la langue locale, l’anglais ou le japonais et déjà la fluidité de ce mélange de langue est un premier aspect de la fluidité du récit. Un homme est découvert inanimé sur une plage… on le pense japonais… Il ne parle pas… il a des pouvoirs étranges… Sont-ils bons , on peut le croire, sont-ils mauvais? Sans doute, mais c’est surtout que le Bon et le Méchant de nos habitudes ne lui vont pas du tout, il agit d’après sa propre règle que personne ne connaît. Il pourrait ranimer une fleur ou tuer quelqu'un… Certains critiques y ont vu la figuration d’une entité de la Nature qui agit sur l’Humain sans aucune empathie ou sentiment (on revient aux tsunami indonésien ou japonais…) je trouve cette définition forcée, c'est seulement quelque chose d'étrange qui arrive ...
Ce film laisse dans l’interrogation, et cependant sans la frustration de l’incompréhension.

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Hotori no Sakuko
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janv. 16, 2022
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Globalement 8.0
Histoire 7.0
Acting/Cast 8.0
Musique 7.0
Degrés de Re-visionnage 6.0

Au revoir l'été, au revoir l'enfance...

J’ai vraiment aimé ce film, son atmosphère, la beauté de ses images, la finesse et l’intelligence du scénario.
Je lis partout que c’est « Pauline à la plage «  de Rohmer au Japon, et d’ailleurs il paraît que FUKUDA est un grand admirateur du cinéaste mais je n’ai rien vu de lui, sauf Lucchini en armure de fer-blanc, donc je ne pourrais pas continuer la comparaison !
Mais j’aime le film en lui-même, l’intelligence avec laquelle FUKUDA laisse transparaître derrière la joliesse des amours adolescentes la cruauté et la bassesse des adultes. Il n’y a rien de tragique, aucun pathos, la caméra est d’une discrétion parfaite : par exemple elle filme seulement deux livres à l’arrière d’une voiture pendant la fin du dialogue du conducteur et de sa passagère, dialogue choquant par sa froideur cynique…
Takashi vient de Fukushima, mais il ne faut pas attendre le moindre larmoiement là dessus, au contraire, l’interview à contre-courant du jeune homme est même assez comique !
Au long du film, au fur et à mesure que le cinéaste nous fait comprendre et aimer les adolescents, il nous montre les adultes comme endurcis, froids et cyniques, et pourtant d’une grande banalité, ce qui est le pire, je crois.
Donc, en bref, je recommande vraiment ce film qui m’a donné maintenant l’envie de voir « Pauline à la plage » d’Eric Rohmer !

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