Anoko is an Aristocrat
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Je suis aristo, c'est pas de pot !
Les films de cinéma indépendant japonais respirent toujours l'air du temps et nous obligent souvent à regarder notre société dans les yeux. Anoko is an Aristocrat ne déroge pas à la règle et ambitionne de résumer la condition féminine (japonaise) des années 2010 en 2 h. Bien sûr, ne vous attendez pas à des révélations ou quoi que ce soit d'original si vous connaissez un tant soit peu la société japonaise au-delà des clichés de savoir vivre et de finesse. Dramas et autres supports mettent en scène, depuis des décennies, les aspirations d'indépendance des femmes dans une des dernières sociétés patriarcales des pays dit riches. Indépendance qui rentre continuellement en contradiction avec le syndrome du conte de fée "mariage/petite famille modèle avant 30 ans", qui a la vie dure dans l'imaginaire collectif. Ce film aurait tout aussi bien pu sortir il y a 10, 20 ou 50 ans. D'autant plus que la réalisatrice, Sode Yukiko, ne cherche pas à en mettre plein les yeux par une production outrancière ou des décors à couper le souffle. J'irai même jusqu'à dire que le choix des acteurs, peut-être pour une question de budget, n'a rien de tape à l'œil. Même s'ils sont tous très bons dans leur rôle.L'argent, c'est vraiment un sujet central dans ce film inutilement coupé en 5 chapitres, comme un roman, dont il est justement une adaptation. Sur la longueur, on comprend mal ce choix qui n'apporte pas grand-chose. Oui, les allez-retours entre le présent et le passé sont constants, dévoilant petit à petit les relations qui lient chacun, mais cette mise en scène fait assurément très scolaire. Comme cette surenchère dans le lourd quand notre héroïne aristocrate mets les pieds dans un Izakaya où les toilettes n'ont plus été nettoyées depuis l'époque Edo et les hommes semblent sortir de prison tant ils sont rustres. Parallèlement, la rencontre avec son futur marie est tellement surjouée dans le côté prince charmant qu'on espère rapidement avoir affaire à un serial killer pour faire disparaitre tout ce miel qui a dégouliné sur l'écran.
Heureusement ou malheureusement, il n'en est rien et le film continue à dépeindre la vie de femmes (les hommes sont au boulot ...eux) de différents rangs sociaux. Tokyo est présenté comme le mix de Neuilly et Bombay où les castes ne se mélangent pas ou alors juste dans les bars à hôtesses. Pourtant, ses femmes vont se rencontrer et apprendre chacune l'une de l'autre. C'est bien des discussions calmes et posées auxquelles vous allez assister. Sans effusion de colère entre la femme et l'ex-maitresse ou de jalousie pour les autres protagonistes, moins riches, moins intégrées, etc... Avec des renoncements pour chacune d'elle, mais également l'espoir d'une vie meilleure.
Le parti pris de situer l'histoire dans un monde recroquevillé sur lui-même de politiciens, médecins ou avocats n'est qu'un prétexte pour nous présenter une liste non exhaustive de profils féminins d'aujourd'hui. Si finalement, les aspirations de liberté et d'être maître de son destin apparaissent comme évidentes à toutes, chacune cherche à y parvenir à sa manière. Même si le point de vue de la réalisatrice ou du roman suggère, en filigrane, qu'on ne peut pas être heureux en couple... pour une femme... au Japon. Car une fois de plus, indépendance rime avec shigoto, shigoto, shigoto. Mais quel dommage encore, que dans une ville de 30 millions d'habitants, on nous présente les incontournables bars à hôtesses comme le seul moyen de gagner sa vie pour une provinciale. Malheureusement, au bout de quelques dizaines de minutes, je ne voyais plus que des tonnes de clichés dans ce film qui joue du coup, selon moi, en la défaveur de la cause féminine.
Les hommes sont vus au mieux comme des machos arrivistes, au pire comme des parasites soulards et dégueulasses, jusqu'au propre frère de Mizuhara Kiko. Le dégout suggéré au spectateur envers les hommes n'a apriori pas suffit à la réalisatrice, puisse qu'elle dépeint les femmes des générations "d'avant" comme des complices ou responsables du manque de liberté de la femme moderne. Les mères et grands-mères sont critiquées, en décrivant des situations obsessionnelles sur l'argent ou la succession. Tout est too much, mais nul doute que ce film satisfera un bon nombre d'occidentaux tellement contents de vivre dans un pays si avant-gardiste sur les droits sociaux, complètement à l'opposé d'un Japon rétrograde. J'en viens à me demander si Mizuhara Kiko n'a pas été choisie justement pour ses origines américaines. Je sais, je vois le mal partout. En Mikasa du dispensable Attaque des Titans, le film, ça peut se justifier, mais là ... Vouloir différencier physiquement les deux actrices principales, à ce point, me met mal à l'aise, surtout si c'est pour opposer un Japon traditionnel (la pureté) et moderne (le mélange). L'histoire n'avait pas besoin de ça et je m'excuse d'avance de mon interprétation erronée, au cas où.
Ne vous m'éprenez pas, je n'ai pas détesté le film. La contemplation des visages, des regards en gros plans, les silences et non-dits, la fin ouverte, tout rappelle le cinéma de Hamaguchi Ryusuke. Mais j'aurais tant désiré, à l'instar d'une Valérie Lemercier qui sait se moquer de l'aristocratie sans lui cracher dessus, que les messages passent avec un peu plus d'humour. La vie des gosses de riches n'est pas simple, mais de là à la présenter toujours comme une cage d'orée. La vie des provinciaux, non plus évidemment, mais pourquoi imaginer constamment que les femmes n'ont que leur corps, pour survivre à Tokyo. Ou encore, que l'on ne peut être heureux que dans un métier artistique, à parcourir le monde en éclaboussant son indépendance et son bonheur aux visages de tous.
Désolé pour le son de cloche sûrement différent des autres critiques dithyrambiques sur ce film. Certains diront même que c'est facile pour moi de critiquer, puisque je suis un homme. Et c'est surement là que l'on sent le plus notre différence de castes.
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Si bien chez-soi, ...
Si Hikikomori Sensei était un film américain, Sato Jiro obtiendrait, à coup sûr l'oscar du meilleur acteur. Son rôle affiche toutes les cases, qu'un jury en manque d'inspiration coche pour satisfaire la conscience collective d'une société bien pensante. Acteur confirmé (52 ans) et très populaire, il a souvent joué dans des comédies, mais a eu aussi quelques rôles jolis dramatiques durant sa carrière. Il interprète ici un ancien hikikomori ayant fui ses congénères durant de nombreuses années, avec en toile de fond, l'absence de sa fille unique (sa femme ?). Ultra introverti, bégayant et fuyant du regard, il accepte avec peu de motivation d'aider un lycée à faire revenir dans une classe d'adaptation des élèves totalement absent de l'école depuis des mois. Véritable poison sociétal au japon, l'isolement des jeunes et moins jeunes d'ailleurs fait souvent l'objet d'épisode dans les séries de school life/sensei qui pullulent dans au pays de l'Ijime. Mais c'est rarement le thème principal, surtout avec un personnage de cet âge. Touchant ainsi une plus large audience, La NHK cherche clairement à sensibiliser une société qui préfère encore trop souvent mettre la poussière sous le tapis. Alors, est-ce que ça marche ?Je vous l'ai dit, Sato Jiro est un excellent acteur, qui peut être énervant comme dans Super Radical Gag Family ou Shiro demo Kuro..., mais formidable dans un rôle titre. Il vous fera monter les larmes aux yeux pour sa relation avec les autres et sa fille en particulier. Les larmes n'auront rapidement plus de place sur le globe oculaire, tant les histoires de chaque élève vont vous toucher. Ses jeunes acteurs interprètent avec fraicheur et sincérité leur rôle, leur âge et leur physique, sans méchanceté de ma part, se rapprochant du monde réel et non pas des idoles ou models trop présentent dans ce genre de série.
Dans cet univers déjà riche, ou l'on voit avec plaisir revenir à chaque épisode des élèves à l'école, des personnages inquiétants font leur apparition. Le lourd passé de notre ex Hikikomori semble le rattraper et les embûches vont se multiplier. Il faut dire que le cast des adultes est plus que bon pour faire monter la sauce à Yakitori: Suzuki Honomi en assistante sociale désespérée, Takahashi Katsunori en principal arriviste, Tamaoki Reo en Hikikomori flippant. Sakuma Yui a malheureusement la tache difficile d'incarnée la énième professeur débutante de dorama, pleine de doutes et de questionnement et arrive difficilement à relever le défi du renouvellement. Face justement à Suzuki Honami, elle parait insipide et c'est bien d'hommage. Suzuki Rio à peine agé de 15 ans est une bonne surprise et son rôle prend vraiment de la profondeur au fur et à mesure des épisodes. On s'attache vraiment à ses élèves qui ne sont, pour le coup, vraiment encore que des enfants.
Mais bien sûr, c'est Sato Jiro qui porte toute la série sur ses larges épaules. Géant bien portant, on souffre avec lui quand il court tant de km pour ses élèves et il montre tellement de sensibilité quand il s'occupe de ses fleurs ou fait tourner en boucle ses ritournelles d'idole dans son petit hizakaya. L'ambiance musicale de ce drama a été particulièrement soigné et rajoute alors qu'il n'en avait pas réellement besoin encore une corde de sensibilité. Composée quasiment uniquement au piano, je tenais à la mettre en valeur, tant elle touche au cœur, à qui c'est l'écouté. Comme l'ensemble de l'œuvre d'ailleurs, qui seulement avec 5 épisodes pourra peut-être sensibiliser les parents et enseignants qui regardent bien trop souvent ailleurs. Ayons le courage de monter cet escalier, ouvrir la porte de cette chambre trop longtemps fermée et prenons-lui enfin la main ...
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Abeille du printemps - battle à l'écran - le chant des poètes
Encore une romance avec une des soeurs Hirose, me direz-vous. Mais si vous vous intéressez un temps soit peu à autre chose que les animes quand on vous parle du Japon, ne passez pas à côté du téléfilm An no Ririkku.Après plusieurs années passées à m'intéresser à ce beau pays, il y a une chose que je peux laisser aux japonais. C'est leur amour des lettres, des mots, bref ... de l'écriture. Et ce film résume tout ce que j'aime dans cette philosophie. Si vous n'êtes pas fan de Haiku, court poème d'une seule phrase, tenant sur la marge d'un cahier d'écolier, mais concentrant toute la philosophie orientale, nul doute que vous tomberez quand même sous le charme, si vous accepté de suivre les aventures de notre jeune poète en devenir. Elle-même d'ailleurs déjà très fan des mots dans les différents films Chihayafuru que je vous conseille également. Des cafés cultures, aux concours retranscrits à la tv, jusqu'aux écrans de Shibuya, un pan insoupçonné d'un loisir bien moins désuet qu'il n'y parait s'ouvrira à vous. Bien sur pour créer de l'intérêt, il a été jugé nécessaire par les scénaristes d'introduire, assez maladroitement d'ailleurs le monde du rap. Comme s’il y avait en 2021 de la nouveauté à faire rimer posse et poésie (MC Solaar 1990 quand même).
La France et le Japon se retrouve donc sur cet amour des mots et pas seulement dans le Rap. Rien qu'à voir le succès des jeux de lettre à la tv française, depuis des décennies, par exemple. La production de ce téléfilm met particulièrement bien en en avant les haïkus en les affichant à l'écran et je salue la traduction anglaise d'ECO TV, respectant le sens, le fond et la forme. Donnant ainsi la possibilité aux anglophiles d'apprécier toute la subtilité de ses courts poèmes.
Si effectivement le monde du Hip hop reste caricatural, comme celui littéraire d'ailleurs avec un Tanabe Seiichi en dandy, cheveux trop longs à la BHL, Alain Finkielkraut ou Luc Ferry, il est ici, pour le moins touchant avec ce Hagebose qui cherche ses mots chez une jeune étudiante amoureuse des Haïkus. Finalement pas mal de scene sont assez cocasses (on n'ira pas jusqu'à drôles) mais surtout une fois de plus Hirose Suzu nous montre ses talents sur scène. Alors qu'elle m'avait déjà laissé sur le cul dans Ichido Shinde Mita, en Metal girl au phrasé juste, ici elle explose durant la battle contre Hagebose. Telle une Enimen au feminin, tant du flow, au costume.
Mais là, j'en dévoile trop, car MC Hachimitsu est une des grandes réussites de ces presque 3h de drama qui reste quand même assez fleur bleue, comme le montre parfois ses jolies scènes impressionnistes, malheureusement sous exploitées. Cela permet tout comme le thème principal de mélanger deux mondes. La tradition et la modernité, la ville et la campagne, les réseaux sociaux et la littérature, bref un concentré du Japon, représenté par leurs meilleurs acteurs. Suzu, bien sûr, même si porter des lunettes pour se cacher reste trop cliché et gâche un jeu qui n'en a pas besoin. Miyazawa Hio qui en plus d'être un bellâtre est juste dans son rôle d'écrivain torturé et mérite maintenant d'apparaître bien plus souvent sur les écrans. Les seconds rôles participent aussi avantageusement à un téléfilm qui aurait mérité pour le coup d'être un véritable drama saisonnal comme le thème principal de beaucoup Haïkus, qui je suis sûr, vous feront fondre comme une Omurisu, omurisu, omu, omu, omurisu ....
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Breaking / News - les infos qui font mal
Les dérives des médias japonais, voilà ce que "Seiren no zange" veut dénoncer et je dois dire que c'est plutôt bien réussit. Alors que le pitch de départ est des plus classiques, pour un thriller qui se veut sérieux. Harcèlement d'une jeune fille qui conduit à sa mort, on suit l'enquête à travers les yeux d'une jeune journaliste vénère et de son compère bourré de testostérone. Loin donc des dramas comico-mystery...ques, que j'affectionne tant.Dans cet univers adulte et malsain, les personnages transpirent de défauts et les pires caractères humains ressortent. Mention spéciale au chef du service reportage-investigation. Dommage que les trais des jeunes loubards soient un peu trop forcés, comme souvent dans ses séries, on a du mal à faire dans la dentelle avec les exclus, volontaires ou non de la société japonaise. Jetés en pâture à la vue de tous par des médias en quête de sensationnalisme, on accentue de manière voulu ou non leur non-conformité. L'actrice principale en quête de justice, nous plonge dans ses doutes face à son métier et montre, certes avec moins de subtilité que le film "l'infirmière" de Fukada Koji, à quel point les médias et les réseaux sociaux ont le pouvoir de faire l'opinion. Véritable cancer de nos sociétés modernes et du Japon en particulier, c'est une série à montrer à ceux qui imagine encore que le japon reste le pays le plus paisible au monde où il fait bon vivre." Pas de criminalité, les gens sont si gentilles, etc ...". Avec une musique épique (un peu trop peut-être) je n'ai qu'un seul bémol à ma critique plutôt positive. 4 épisodes c'est trop long pour une enquête de ce type, mais c'est bien trop court pour le sujet des médias. J'attends avec impatience une nouvelle saison, le sujet étant vaste, la production et les acteurs étant à la hauteur. Et peut être qu'on verra enfin sourire Araki Yuko cette fois.
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Watashi no Otto wa Reitoko ni Nemutte iru
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Voilà l'été
L'été arrive enfin et il est temps de brancher ce vieux congélateur dans la remise pour savourer un délicieux kakigoori. Mais n'allez pas y fouiller, car vous y trouverez le marie de la belle Motokariya Yuika.Watashi no Otto wa Reitoko ni Nemutte iru est le petit Drama horrifique qui nous donnera les frissons nécessaires durant les chaudes nuits d'été. Enfin horrifique, on ne sait pas trop. Jouant avec une mise en scène permettant les twists les plus improbables, le format 20 min donne également une intensité et un climax à chaque épisode. Seul le nombre restreint de 6 peut décevoir, car il y avait la matière pour doubler en longueur le suspense.
Sauf avoir lu le manga, on sera au moins surpris par un twist ou une scène par épisode, tant les personnages sont inquiétants à souhait ou au moins bourrés de cachoteries et de mystères.
Le jeu peut parfois rebuter, surtout pour Yuika qui semble hésiter entre en faire trop et pas assez. Mais ces maladresses prennent tous leur sens avec son personnage que l’on découvre au fur et à mesure. Shirasu Jin en marie parfait et inquiétant à souhait montre tout son talent et son visage de beau gosse. À telle point qu'on ne sait plus si c'est le pire des salopards ou une victime. Et la mise en scène sans effets spéciaux autre que la glace recouvrant le visage, donne le frisson comme il faut. Une série de fantômes, un rêve, une réalité, le suspense est entier jusqu'à la dernière minute ? Alors n'hésitez pas, car la glace fond vite par ses temps chauds.
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On se sert le Mawashi ?
Se lever tous les jours à la même heure, allumer son PC et écrire inlassablement des critiques de dramas japonais, mais que peut-être personne ne lira. C'est sûrement dans cet état d'esprit que sont les héros de Shiko Funjatta! le remake drama, version Disney+ d'un film à succès de 1992 sur le Sumo.Même si plusieurs mots ont dû vous effrayer dans mon introduction (Disney, remake, sumo…, ) ne partez pas tout de suite. Tout comme les quelques uniques membres de l'équipe de sumo de cette université, vous aurez d'abord des aprioris et voudrez fuir en courant. Puis, par curiosité, vous l'observer d'un air un peu moqueur, en vous disant que c'est ridicule. Très vite, vous admirerez le courage des acteurs pour vous faire rire et surtout pour vous faire progresser dans votre idée du Sumo. En les trouvant de plus en plus cool, comme ce sport millénaire mêlant religion et bouffe, et encore tellement méconnu et rayé en occident.
On retrouve évidement tous les poncifs des œuvres sportives japonaises. Des jeunes sans aucun talents se mettent à faire un sport en perdant tout leur match d'abord, puis petit à petit, on gagne en force et en classe. Les concurrents qui deviennent ensuite partenaires, les amis qui ne cessent d'augmenter, les débuts dans un local minable, mais qui gagne lui aussi en classe au fur et à mesure. Et bien sûr, les perdants, dans le doute, qui sont prêts à abandonner, mais qui reviennent encore plus motivés dans l'épisode suivant. Alors, vous n'aurez pas une série au long cours de 150 épisodes comme pour le baseball ou le soccer, mais une minisérie de 10 épisodes qui heureusement ne reprend pas tout à fait la trame du film de 1992.
Et pour cause, plutôt qu'une renaissance, c'est une suite, 30 ans donc, après le film. Les décors et la musique sont repris. Cette Ending qui ne vous sort plus des oreilles, d'ailleurs, et qui devient encore plus addictif en anglais. Les mentors, pour nos jeunes recrus, sont les acteurs du film original. Si Motoki Masahiro, le héros charismatique, ne fait pas d'apparition, Takenaka Naoto revient pour notre plus grand bonheur. Mais un peu moins, pour celui de nos toilettes. En comparant avec son image de 1992, on voit à quel point la barbichette et le crane lisse lui donne de la classe. Qu'il perd aussi vite durant les premières secondes. Shimizu Misa, elle, n'a pas changé si vous comparez aux images d'époque. Les femmes japonaises restent éternellement jeunes et pétillantes, ça me fascine toujours. Mais concentrons-nous sur les jeunes pousses.
On retrouve Hayama Shono, éternel rôle secondaire des sitcoms à la japonaise. Celles calibrées pour les retours d'écoles, faites de gueules d'anges et de sourires, parfaites pour une production Disney. étonnamment, il ajoute une petite profondeur à un personnage lisse, typique des productions pour ados occidentales. Il arrive à être touchant, mais ça n'a aucune commune mesure avec la vraie révélation de cette série, à mon sens, qu'est Ihara Rikka.
Choisie peut-être pour sa bouille un peu ronde. Afin de rappeler que le sumo, ce n'est pas fait pour les filles filiformes dans l'imaginaire commun. Sa présence va bien au-delà d'un physique qui, on le sent, est un peu travaillé pour la série. Elle illumine ce drama comme premier rôle. Ses capacités à faire des shikos nous fascinent en premier. Puis son leadership sur une équipe entièrement masculine nous réjouit et subjugue. Par ses mouvements, sa présence, ses expressions faciales, sa voix et son intonation, ce drama mérite à lui seul d'être vu. La grâce qu'elle dégage dans ce sport machiste au Japon et moqué en occident, vous tiendra en haleine jusqu'au bout de la série. Sa combativité pour gagner des matchs bien sûr, mais aussi et surtout faire vivre son club, faire aimer son sport, se faire des amies, alors qu'elle devrait avoir tout pour rebuter, vous fera fondre. Se battre également pour faire accepter la mixité dans son sport, raisonne avec le combat permanent que se livre hommes et femmes qui souhaitent l'égalité au Japon et ailleurs d'ailleurs.
Loin d'être réservé aux amoureux du sport, et encore moins à des Japonais, ce drama est une déclaration d'amour au Sumo. Vous aurez au minimum le béguin pour ce sport en suivant les aventures de nos beautiful loser. Car c'est quand même un championnat de la lose auquel on assiste. Mais on peut avoir une autre interprétation, celle d'une mise en avant de la tolérance. Pour un sport différent et qui véhicule tant de cliché ridicule en occident et tant de belles valeurs en réalité. Pour des personnalités différentes aussi, dans un pays en plus remplis de conformisme. Le tas de muscle idiot, le danseur trentenaire au chômage timide, ou l'Otaku asocial… tellement de personnalités encore rejetées par les groupes, à l'école et dans la société et accueillies dans ce sport qui forme une véritable famille. La compétition n'est pas le plus important dans la série. C'est la tolérance et l'accueil avec des diners monstrueux d'après entrainement et l'égalité de tous dans le cercle du dojo. Du réconfort pour l'âme, mais ne vous attendez pas à une série larmoyante. Vous réfléchirez sur votre comportement face à la différence, certes, mais tout en vous esclaffant par le comique de situation, visuel, tactile et olfactif dont les Japonais raffolent. Et pour le coup vraiment international.
Je vous invite donc à pousser la porte de la remise derrière votre école et vous verrez, vous prendrez goût à bien vous faire serrer le Mawashi par un pote en sueurs de 130 kilos derrière vous.
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VR Ojisan no Hatsukoi
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Session de Retro Loving
Alors que la prophétie des sœurs Wachowski s'est depuis longtemps réalisée, il restait un pan de la société qui n'avait pas encore basculé dans la Matrice. Je pense évidemment à nos Vieux. Ce terme indélicat et plutôt mal défini l'est encore plus au Japon, quand on sait que Oji(i) peut désigner autant un adulte très âgé, âgé, peu âgé ou même son oncle ou son papi, pourvu que la personne qui le désigne soit plus… Jeune. Mais, quand on imagine un Vieux se mettre dans la peau d'un avatar féminin, jeune en uniforme scolaire, du dégout vient immédiatement à l'esprit. D'autant plus que VR Oji san no Atsukoi montre le monde virtuel en prise réelle. Pas d'images synthétiques ici. C'est une lycéenne, qui évolue avec les pensées de cet hikikomori de 40, toujours puceau. Incapable d'exprimer ses sentiments et d'avoir des émotions, autrement qu'en Sailormoon. Mais alors, pourquoi la league de vertu ne crie pas au scandale pédophile avec cette série de 32 épisodes de 15 minutes, diffusée de surcroit sur la télévision publique NHK ?Pas de panique, j'ai mon slip.
Ce manque de réaction scandaleux me direz-vous, n'est pas seulement dû à case horaire 22h45 (très tard pour le Japon). Mais justement pour son appartenance à la collection des Yoru dramas de cette chaine, dont les prises de risques sociétales ne se comptent plus. Les yorudramas font souvent bouger les lignes d'un patriarchas et d'un conformisme mortifères pour les minorités. Tout comme le précédent Tsukuritai Onna to Tabetai Onna ,VR Oji interroge sur la place de l'homosexualité dans la société japonaise. Maisle propos reste peu finalement mis en avant. Car ce drama pousse surtout chacun à se remettre en question sur l'individualisme de notre monde moderne. À travers Nomaguchi Tohru qui joue parfaitement son rôle d'Otak introverti, voire inquiétant, incapable d'avoir de l'empathie pour les autres. Jusqu'au jour, où il rencontre Honami dans le monde virtuel. Née alors une amourette entre les deux personnages virtuels féminins. Bien vite, il cherchera à savoir qui est réellement Honami. Homme, femme ? Qu'importe. L'amour, ou simplement l'empathie, est un état d'esprit, une manière de vivre qui dépasse le sexe ou la Cast. Le rythme des épisodes est intéressant et une fois les personnages dévoilés, la série prend une tout autre dimension. S'interrogeant sur le travail, la famille, les amis et les liens qui nous unissent et nous renforcent.
Habillé comme une pièce montée, de choux à la crème.
Dans des décors somptueux pour le monde virtuel, on apprécie les premiers épisodes remplis d'onirisme. Les références au roman le Train de nuit dans la voie lactée, les parcs d'attractions clinquant servant de décors et surtout cette forêt de bambous qui donne envie de se plonger à corps perdu dans ce monde. Les costumes manquent un peu de finesse, certes. Faisant ressembler nos héroïnes à des choux à la crème. Mais c'est pour la bonne cause. Afin de trancher avec l'appartement sombre et inquiétant du héros, mais aussi pour faire ressortir le côté amateur des joueurs. Vous apprécierez cette mise en scène accompagnée de deux titres de C&K répétés en boucle sans jamais vous saouler. Comme la BO d'un Jeu Vidéo que vous relancez indéfiniment.
Cours à distance.
Si pendant bon nombre d'épisodes, notre attention est focalisée sur le personnage principal. Chaque personnage secondaire réel, présenté comme insignifiant dans sa vie, prendra de l'importance à l'écran en même temps que pour notre héros. Et par conséquent, on se sentira petit à petit vivre la sienne. Comme plongé dans un monde virtuel. Les émotions, l'empathie, tout devient réel pour nous par cette mise en scène et cette progression de l'histoire. Si bien que les derniers épisodes vont vous serrer votre petit cœur. Plus un questionnement sur notre existence que sur l'orientation de genre, les thèmes abordés sont l'amour, la vie, la mort, la famille, les interactions, bref les choses vraiment importantes et si éphémères. Pour plus de développement, je ne peux que conseiller de vous plonger dans ses 32 sessions de cours en visio, abordant la philosophie de la vie pour les 7 à 77 ans.
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Tsukuritai Onna to Tabetai Onna Season 2
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La cuisine des sentiments
Peu connue, pour ses talents d'actrices, Nishino Emi est une pianiste hors pair dont j'ai eu cette chance de la voir accompagner sur scène des artistes comme Reona ou Aimer. C'est donc par pure curiosité que j'ai regardé l'an dernier la première saison de Tsukuritai Onna to Tabetai Onna. Et comme beaucoup, je me suis laissé happer par cette série qui sous ses airs de courtes récréations culinaires, après une journée de bureau harassante, parvient à toucher au cœur, comme à l'esprit. Sa réflexion sur la solitude et les problèmes qui touchent aux genres, de surcroît au Japon, nourrira votre âme et réchauffera votre cœur comme un bon Oden.La NHK continue inlassablement sa quête de normalité pour la communauté LGBT+ en proposant régulièrement, notamment dans sa case Yorudrama de 22h45 des questions de sociétés. Un horaire qui permet d'aborder des faits majeurs loin du regard des plus jeunes et qui permet également de toucher un grand nombre de personnes. Des étudiants aux retraités, en passant par les célibataires qui croulent sur les heures sup obligatoires et qui se verront, en mangeant seuls leur cup ramen du soir, en miroir face à ce drama. Car avoir un grand nombre de spectateurs devant l'écran devient une gageure aujourd'hui et aborder de tels thèmes, un risque de les faire fuir. Seule, donc, la télévision publique peut prendre ce risque. Maîtrisé quand même, puisque le format de 15min, entouré donc de 3 séquences pub, permet une rentabilité à la japonaise. Un format qui rappelle nos shorts-séries, style "un gars une fille", mais qui sont souvent le miroir de notre société, même sur le ton de l'humour.
L'humour sera très léger ici. Le manga shosei d'origine et son adaptation prennent le parti de la légèreté de l'être, plutôt que celle des propos. Les propos semblaient justement très légers dans la première saison. Avec une apprentie influenceuse culinaire publiant ses plats sur Insta pour tuer l'ennuie. Et comme beaucoup de gents qui publient, pour chercher une reconnaissance de ceux qui les lisent (ben, oui, je parle de moi, encore...). Même si j'adore Higa Manami, la voir cuisiner l'adaptation japonaise du chou-crime, ou du monts-blancs dans un four de chambre d'étudiant, pendant même seulement 15 min, me paraissait insurmontable. Et pourtant la première saison d'uniquement 10 épisodes m'a subjugué au point que j'attendais la suivante, bien plus que celle de Yu Yu Hakusho ou One Piece. Il faut dire qu'on court à l'indigestion d'adaptation de Shonen, sur les plateformes en ce moment.
Car la grâce touche cette série de toutes parts. Si dans la première saison, la relation entre nos deux voisines reste que suggérée, cette nouvelle saison rentre directement dans le sujet de l'amour et de la vie pour les couples LGBT. La série est si bien faite, comme le manga certainement, que tout est en subtilité. Les questionnements sont réels, dans une chronologie qui laisse le temps aux personnages, comme au spectateur de réfléchir. La famille, les amis, les collègues de travail, tous sont interrogés. Ce drama ne se précipite pas, déroule ses propos et ses doutes dans la vie réelle avec réalisme et bienveillance, mais même pour les personnages moins "open". Je pense au père de Kasuga san qui représente tellement le patriarcat à la japonaise, accompagné d'une mère qu'on ne voit jamais, mais qui raisonne comme la petite voix de la société qui demande de se conformer aux règles. Car l'injonction de rentrer à la maison doit se comprendre comme celle de rentrer dans le moule demandé par la société. Hautes études, exploitée au travail, mariage, enfants, femme au foyer. Voilà encore ce qui attend la femme japonaise en 2024. Plus que la préférence de genre, c'est la liberté et l'indépendance des femmes qui font peur aux patriarches et ce drama exacerbe les propos.
Le calme apparent des personnages principaux n'est qu'une façade face au bouillonnement intérieur. Bouillonnement des sentiments étouffés par le regard des autres. Un écrasement dans cet univers qui peut sembler rose bonbon à grands coups de Cup Cake ou de Parfait au chocolat, mais qui transpire la chape sociale. Comme les sourires de façade dans cette boîte de pub trop cool qui ne sont là que pour demander toujours plus d'heures sup en plus à la jeunesse célibataire. Et cette prestation époustouflante de la part de Nishino Emi qui habite ce personnage dont les sentiments sont cadenassés depuis si longtemps.
Seul bémol pour notre pianiste, alors que le drama prône la liberté de choix face aux conventions, il faut souligner le paradoxe. L'auteure originale à chercher quand même à masculiniser son personnage de façon un peu trop grossière. Manutentionnaire, toujours en jogging, ... j'en passe dans le cliché. Mais surtout, on est face à un couple en devenir, où une femme après une longue journée de travail met encore le tablier et regarde amoureusement (comprendre: attendre son "umaï" en récompense comme une caresse pour un chien) sa bien-aimée avaler en deux secondes le bon petit plat qu'elle lui a cuisiné pendant des heures. L'égalité des sexes ne serait pas possible même dans un couple homosexuel ? Pourquoi vouloir reproduire encore une fois ce schéma de soumission, même consenti ?
Mais ne vous y trompez pas. Même dans cette saison, vous apprécierez le temps pris par la série, son calme, ses longs silences et non-dits vous apaiseront de votre journée harassante. Et vous ressortirez une fois de plus grandi, comme après un long moment de méditation prôné par un influenceur basé à Dubaï. Je suis sûr que vous pourrez mettre en pratique dans votre vie les recommandations de ce drama prodigué de manière si subtiles et pas seulement pour faire un Oden dans votre 4m² d'étudiant.
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Kimi ga Kokoro wo Kuretakara
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Un petit coin de parapluie
Dire que l'on retrouve Nagano Mei et Yamada Yuki en premiers rôles devrait suffire à donner envie de regarder ce nouveau sponsor des mouchoirs Kleenex. Mais les productions auxquelles chacun participe (un peu moins pour Mei chan) sont parfois inégales. Au même titre que l'excellent acteur-réalisateur Saito Takumi que l'on retrouve aussi ici et qui nous fait parfois comprendre dans son jeu que le travail est purement alimentaire. Et on ne compte même pas les publicités ridicules dans lesquelles ces trois là participe chacun. Mais trêve de faux suspense. Avec le réalisateur de Liar Game et Mystery to iu na kare à la barre, vous vivrez assez de moments de stress et d'émotion dans ce chef d'œuvre romantico-fantastique. Oui, "chef d'œuvre"! Et pourtant j'ai inondé de mes larmes bien des des mouchoirs depuis que je regarde des damas. Mais là, c'est un camion entier qu'il va vous falloir.Comme souvent, ce serait dommage de dévoiler l'intrigue, d'autant plus que le thème est excellemment amené, en toutes dernières minutes dans le long premier épisode. Pendant la première heure, on nage de manière assez classique en plein childhood romance, à grand coup de regret et d'échec dans sa jeune vie d'adulte. Ce qui pourrait du coup faire fuir les amateurs de mystère... Mais le basculement dans le fantastique n'en est que plus intense.
Le merveilleux (mots mal choisi, vu la suite) fait son entrée par la petite porte, mais le thème n'a pas encore été beaucoup exploité et promet des rebondissements fort dès la fin du premier épisode. Les thèmes de société annexes rajoutent clairement du sens, et ancrent dans la réalité un conte qui est à la fois un cauchemar et une romance infinie. La difficulté de communiquer, la violence intrafamiliale, le handicape ou les aspirations de la jeunesse dans une société ultra codifiée, dominée par les plus de 40 ans. Le Pawa Hara, à outrance, le renoncement à ses rêves et a ses aspirations, la perte de l'autonomie parlent à toutes les générations et donnent un pouvoir nostalgique fort à ce drama. Le choix de baser l'histoire à Nagasaki, ville cosmopolite, remplie de vielles demeures à l'occidental et meurtrie, s'il en est au Japon, renforce l'affolement des sentiments qui se mélangent entre le confort du passé et les peurs du changement.
La musique empreinte d'émotion est parfaitement à la hauteur de celle procurée par l'histoire, la mise en scène et bien sur les acteurs. Spécialiste des grands moments d'émotions adolescentes, comme pour le film Kimi no suizou wo tabetai, l'excellent compositeur Matsutani Suguru rajoute encore de la beauté à ce drama. Mais c'est bien du côté du couple Nagano Mei et Yamada Yuki que l'émotion est la plus palpable. Alors que la première n'a plus rien a prouvé dans les émotions, Yamada Yuki par ses grimaces gênées, sa capacité à retranscrire la timidité et bien sur son regard sans nul pareil produit les mêmes frissons que la situation que vie Mei-chan. On est dans de l'orfèvrerie pour une comédie romantique. à-t-elle point que chaque épisode va vous procurer une humidification olfactive comme vous en avez jamais eu. Le thème est horrible, voir too much, mais rejoint tellement une réalité pour certaines familles, que l'on y croit et le pouvoir émotionnel n'en est que plus grand. On est accompagné, de plus, par un Saito Takumi à la dégaine aussi effrayante que bien joué. Du coup Shirasu Jin qui ne manque pourtant pas de charisme ne semble servir à rien dans ce drama. Et pourtant il est excellent. Si vous ne devez voir qu'un seul drama japonais cette année c'est Kimi ga kokoro wo kureta kara. Mais comme si tous ces excellents points positifs ne suffisaient pas, il reste un dernier cadeau offert au font du paquet de mouchoir.
Alors qu'elle a beaucoup tourné pour le cinéma en 2023, Nagano Mei n'est pas le seul retour apprécié au TV drama romantique. La trop attendue (en live), Utada Hikaru propose un inédit pour la sortie de son premier best off et sa tournée que l'on espère mondiale à l'heure où j'écris ces lignes. Une écriture qui sublime encore les propos de la série et une promesse qu'espérons-le ne mettra pas 10 ans à se réaliser.
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Un jour, je marierai un ange
Kore-Eda fait un peu partie de la famille. C'est l'oncle qui nous rend visite chaque année, pour le festival de Cannes, le temps de recevoir son prix, faire visiter un bout de "La France" à ces acteurs émerveiller et puis s'en va. Comme tout oncle en visite éclaire, il nous rabâche toujours la même vielle histoire. La famille, éclatée, décomposée, recomposée, monoparentale… Celle qui est au banc d'une société japonaise fantasmée par les occidentaux. Mais il faut l'avouer, personne ne sait aussi bien le faire que lui. Ce cercle familial, micro société remplie de la même violence que la grande. Miroir du monde ou la tolérance n'est que de façade. Le microcosme familial comme les communautés se referment sur elles-mêmes, regarde leur nombril et rentre toujours en résonance avec cette société insulaire et repliée sur le passé et sur eux-mêmes.Vous ne serez pas surpris par l'histoire de Kaibutsu, mais par sa construction qui mérite amplement le prix du scénario, Cannes n'ayant pas de prix de la mise en scène. La construction est faite au couteau et vous tiendra en haleine les 2h du film. En adoptant le point de vue des trois personnages principaux à la suite, mais surtout en respectant la chronologie des évènements qui permet de reconstruire toute l'histoire. On mène l'enquête de manière chirurgicale, et tout se dévoile dans les dernières minutes. Kore-eda dénonce une fois de plus les travers de son pays, la difficile place des minorités et de la différence au sein d'une société ultra-conformiste. Mais clairement, l'occident de 2023 ne peut blâmer un Japon déjà très occidentalisé. Le monde régresse partout. Les minorités, les femmes, la différence sont attaqués de manières insidieuses et le mot tolérance a disparu des discours politiques. Le réalisateur a encore du travail. Kaibutsu-Monster-L'innocense ne sera pas son dernier film, qui mettra en lumière les mères célibataires, les travailleurs de l'humain ou la misère de son pays, mais la mise en scène et l'interprétation sont ici magnifiées. La Palme d'or ou celle du meilleur acteur ou actrice aurait pu être décerné à ce film. Et si la musique en avait une, le regretté Sakamoto Ryuichi en aurait bénéficié. Celle-ci accompagne discrètement, mais magistralement, les émotions distillées par Endo Sakura, Nagayama Eita et les deux jeunes prodiges que sont Kurokawa Souya et Hiiragi Hinata. En mère de famille combative, Endo Sakura sublime son jeu, alors qu'une empathie particulière accompagne ce professeur désenchanté interprèté par l'excellent Nagayama. Mais personne n'est parfait. La mise en scène permet de montrer les ravage de la rumeur, la facilité d'acceptation de celle-ci par des personnages pourtant présentés comme parfaits. La part sombre de chacun est dévoilé, nous remettant tous en question.
Et pourtant, les décors sont bucoliques ou urbains, mais empreints de nostalgie, voir faisant référence au paradis perdu, ce qui permet de parler encore plus à notre petit cœur innocent d'enfant. Les effets notamment de météo sont impressionnants de réalisme pour un film d'auteur. Mais clairement, c'est grâce au jeu de ses acteurs qu'on plonge dans un réalisme dérangeant, mais fascinant. Il montre toute la pourriture d'un système gangrené par le "pas de vague", "on n'y peut rien" et la culture de l'excuse… dommage que les personnages de la trop discrète Takahata Mitsuki ou du "fumier" Nakamura Shido ne sont pas aussi exploités que l'excellente directrice Tanaka Yuuko. Elle incarne tellement cette culture de l'institution avant l'humain que le Japon met en avant et que Endo Sakura tente de combattre. C'est certainement ce que les occidentaux retiendront le plus de ce film et c'est dommage, car la violence du silence, de l'intolérance, du mépris ou de l'indifférence n'est pas culturelle. Elle est mondiale. C'est le combat des castes, et ce film, empreint de philosophie sur l'innocence de l'enfance, la vie, la mort, vous arrachera probablement le cœur avec sa fin ouverte. Moi, il me fait croire dans la réincarnation. Et si celle-ci existe, dans tous les cas, c'est en Kore-Eda que je veux revenir sur terre, car ma vie rêvée, c'est celle de diriger tous ces fabuleux acteurs, pour faire des films aussi universels et humains.
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Pending Train: 8:23, Ashita Kimi to
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Je suis de retour du futur
En retard dans mes reviews, je m'attelle enfin à l'ovni SF de ce printemps. Vous l'attendiez sur le quai de la gare, ce Pending train de 8:23, avec son casting de rêve.Yamada Yuki, Akaso Eiji et Kamishiraishi Moka (Adieux), dans un triangle amoureux au cœur d'un triangle des Bermudes ferroviaire. Recruté respectivement pour leur côté bad boy, gendre idéal ou amoureuse gaffeuse, vous serez servi de ce côté-là, un peu trop, jusqu'à vouloir rapidement retourner chez vous, tant vous n'en pourrez plus.Sur le papier évidemment, tout porte à croire un à must de la SF. Les voyages dans le temps en train nous manque tellement depuis Back to the future 3. Mais, il ne faut pas être Einstein pour comprendre que nous sommes loin de ce chef-d'œuvre du cinéma. Si Docteur Stone est clairement un hommage réussit au docteur Brown, il manque ici une figure délirante qui donne envie de vivre dans cette époque atteinte par un train un peu trop en retard. Elle aurait pu être incarnée par Moka Chan qui sait jouer à la perfection les filles haut-perchées. Elle serait d'ailleurs excellente dans la version nippone de HPI. Mais elle est, ici, cantonnée à un rôle de faire valoir des deux beaux gosses de service. "Ouah, ils ont trouvé de l'eau. Ouah, il a mis une bâche sur le toit pour récupérer… de l'eau. Ouah, il a vu dans la foret des bouteilles… d'eau. " Présente, pour les rassurer, les encourager, son rôle ressemble à celui de la parfaite caricature des mamans japonaise. « Gambatte ne!, et tu soulèveras des montagnes ». Un vrai complexe d'œdipe non résolu pour les producteurs.
Les épisodes se suivent et se ressemblent, en dévoilant la personnalité et l'histoire de chaque perso, rongés par les remords ou traversés par une trouille plus profonde que la foret dans laquelle ils se retrouvent. Il faut dire qu'elle ne fait que 500 m. Mais, on fera fi des incohérences, pour se consacrer sur le cœur du drama, les flashbacks. Du classique, donc, dans les remises en questions de nos héros, surtout que les choses inavouables qu'ils mettent trois épisodes à cracher, sont tellement mal amenées qu'aucune surprise vous transpercera le cul.
Alors que les décors sont sympas de verdure, avec cette forêt primaire et cette steppe aride, la mise en scène est catastrophique. Les mouvements de caméra donnent ce petit côté aventure qui va bien, mais les plans fixes façon soap sont trop nombreux et souvent inutiles. Ils cassent le rythme qui devrait être épique (cf. Dr Stone). C'est plat, et peu sujet aux tensions, alors que l'on devrait être dans un huis clos pastoral permanent. Heureusement, après le 4ᵉ épisode, la série reprend de l'intérêt et décolle vraiment à ce moment-là. Plus de personnalités renouvelle l'intérêt, car les premières ont du mal à évoluer. Un comble pour une transposition dans un tel quotidien.
La musique, par contre, ne vous transportera pas à l'autre bout de la planète. D'une maladresse absolue, en voulant mélanger de l'épique et de la musica de Soap. Les catchs eyes font peur et cassent un rythme qui pourrait être tendu. Avec de la grandiloquence qui donne une impression d'aventure en carton. Et, pourtant, après 10 épisodes, on s'y est habitué, à tel point que l'on verse sa larme avec Moka Chan au moment de se dire Adieux. Et, il faut dire, une fois de plus que les Japonais sont les maîtres de l'ending. Official Hige Dandism nous ravi, comme d'habitude, avec un hit qui commence en plus par "Daijoubu" dans ses paroles. Pour cette situation de crise permanente, quel professionnalisme ! Ce hit et les excellents acteurs que l'on compte par dizaine, permettant ainsi de faire jouer aussi bien de jeunes pousses que de plus célèbres, sauvent la série du naufrage. Je vous laisse avoir la surprise de les découvrir, car c'est vraiment un des seuls points positifs de la série. Mais, c'est déjà beaucoup plus que le Cold Game survivaliste de 2021. Du coup, je relativise et me dis que le scénario et la mise en scène tiennent du génie, ici.
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Follow me, mais pas de trop près
Les dramas faisant références aux réseaux sociaux sont légion. Ceux les dénonçant, ne sont pas moins nombreux. Comme si le monde de l'édition cherchait à prendre continuellement une revanche sur ce média échappant à toutes règles et régulation. Un média de jeunes ayant ses propres codes, qui sont expliqués, ici, à la génération des parents d'ados et dénoncé, c'est vrai, sur un petit air moralisateur.C'est dans une ambiance très anxiogène que ce mystery drama, qui ne paye pas de mine avec ses 3 épisodes de 25 min, fait la liste de tout ce qui ne va pas dans le monde des influenceurs. En plein débat sur la rémunération et l'honnêteté de ceux-ci, ce brulot rajoute de l'huile sur le feu, en normalisant (ou pas) les pratiques qu'il est censé dénoncer. À mon grand âge et mon vécu, je ne peux être que scandalisé par les pratiques de mensonge, de corruption et de pression des influenceurs. Mais je ne suis pas convaincu que ce drama va vraiment ouvrir l'esprit de ceux qui sont tombés dans la spirale des followers et de la rémunération facile. Par contre, j'en doutais encore jusque-là, mais maintenant, j'en suis réellement convaincu : Influenceur est un véritable métier. Et clairement, ce n'est pas le plus simple.
Sekimizu Nagisa, troublante par sa ressemblance physique, mais aussi au niveau du jeu, avec Hirose Suzu, ne me contredira pas. L'histoire commence, sans fioritures, à son réveil à l'hôpital. Entourée de ses amis et sa famille et soufrant d'une amnésie profonde, ne sachant même plus qui elle est. D'un classicisme absolu au niveau du scénario de base, elle cherche à savoir qui sont ces gents qui l'entourent et surtout quel genre de personne, elle était. Dès les premières secondes, elle plonge dans les réseaux sociaux et par le montage et le rythme nous associe à ses recherches. On se prend donc rapidement au jeu. Mais vous vous en doutez, ce n'est pas là, qu'elle va trouver sa véritable personnalité. Au royaume des sourires forcés et des publications rémunérées, tout est fake et exagéré.
La production est dans les standards du moment. Avec des découpages rythmés à l'image et des tentatives d'enlaidir l'héroïne dans la vraie vie, alors qu'elle apparait resplendissante comme tous ses camarades de jeu sur Insta et consort. L'image léchée des premières minutes, dans cette clinique aseptisée, suit la déchéance des protagonistes en devenant de plus en plus réaliste et poisseuse. Le maquillage disparait sur les personnages au fur et à mesure des révélations. La musique fait saigner les oreilles, par ce violon omniprésent, rajoutant encore et encore du malaise.
Étant très court, on ne peut pas en dévoiler beaucoup plus. Ce drama aurait mérité soient une adaptation au long cours, tenant en halène sur plusieurs mois et permettant ainsi, de parler de tous les problèmes liés aux influenceurs ailleurs que dans les faits divers. Mais je pense surtout qu'il aurait mérité un film cinéma, bien ficelé, avec des acteurs renommés. Mais le bling bling et le marketing auraient encore pris le pas sur le fond. Car finalement, avec des stars encore en devenir, un format coup de poing, une ambiance malsaine à souhait, ce drama est à l'image de ce que consomment nos ados toute la journée. Il peut donc atteindre sa cible, à condition qu'on les y emmène et j'espère leur avoir tenu la main avec cette critique digne de TikTok.
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La faim justifie les moignons .... (désolé)
C'est donc reparti pour un énième horror-drama relatant l'histoire d'une famille s'installant dans un village paumé de montagne rempli de zombis psychopathes adeptes de rites ancestraux. Et cela, seulement quelques semaines après Uzukawamura Jiken. Ce dernier, m'a laissé, un peu, dans l'état de viande froide (voir ma review). Et pourtant, cette "série originale", qui ne semble être que du réchauffé constitué de tous les restes du frigo, est annoncée comme un méga production Disney+. J'ai de ce fait hésité longtemps avant de gouter à ce menu. Et même une fois fini le hors-d'œuvre du premier épisode, j'avais encore cet arrière-gout de viande avariée dans la bouche, qui ne me poussait pas à passer à la suite du festin. Heureusement, une fois de plus, j'ai rassemblé mon courage de 'Policier du Drama' et je ne me suis pas arrêté aux apparences. Poussant l'investigation jusqu'à la fin de la série et dès l'entrée constituée par le deuxième épisode, j'ai apprécié ce menu, jusqu'à ne plus pouvoir m'arrêter de bouffer.Il faut dire que le titre, grotesque, les acteurs, encore en quête de notoriété (où ayant abandonné tout espoir de celle-ci) et les teasers, racontant toute l'histoire, copier-coller de Uzukawamura Jiken, sont, on ne peut plus repoussant. Mais les présences du déjanté Yagira Yuuya et de l'éternel antihéros Kasamatsu Sho ont éveillé mon appétit pour cette série. Sans parler de ce petit détail, qui n'en est pas un, du scénariste à la manœuvre ici. Oe Takamasa, n'est rien d'autre que le scénariste de Drive my Car, qui même si Murakami est à l'origine de l'œuvre, lui a permis de faire ses preuves dans les histoires de personnages troubles.
La production léchée, la mise en scène alambiquée, mais surtout le rythme infernal des évènements qui accompagne cette violence folle se dégageant de ce drama, entre tellement en résonance avec le passé torturé de cette petite famille modèle s'installant à la campagne. Les révélations se font avec beaucoup plus de finesse que les scènes d'actions à l'américaine. Les faux semblants sont légion, faisant perdre les repères jusqu'à accepter une violence omniprésente. D'abord insoutenable et d'un cru à la limite de l'écœurement. Les effets spéciaux et la mise en scène amplifiant encore ce ressenti, elle s'accepte au fur et à mesure que les pièces du puzzle s'assemblent et on se surprend à ne plus ressentir de dégout. Et c'est là qu'il faut vraiment avoir peur. Tout comme dans le 'Orange Mécanique' de Stanley Kubrick, le spectateur devient complice de cette violence par la fascination qu'elle exerce, captant ainsi notre attention. Le héros lui-même semble prisonnier de la folie, plongé entre rêve et cauchemar. Ne sachant plus si les évènements passés ou présents sont bien réels, et bientôt c'est le bien et le mal qu'il n'arrive plus à distinguer.
En réalité, ce drama combine des ingrédients qui ont fait le succès de nombreuses grosses productions américaines tout en gardant l'identité japonaise. Glauque et violent, on se sent quand même plus dérangé qu'en admiration. Même si les FX, tout comme l'invincibilité du héros, sont parfois too much, ils ne gâchent pas l'histoire. Les mouvements de caméras surprennent de temps en temps ou donnent la nausée, notamment dans les premiers épisodes. Mais je m'ose à croire que c'est voulu. Ce tournis nous fait partager les sensations des protagonistes. L'impression de sombrer dans la folie, au fil des épisodes, s'accompagne de malaises sensoriels.
Si les personnages dans Uzukawamura Jiken vous semblaient trop serins pour l'horreur des événements, dans Gannibal, les réactions vont paraître trop exagérées. La retenue va vous manquer dès la scène d'introduction.
Déjà que la famille au centre de l'histoire se surprotège à grand coup de fusil, l'ensemble de l'omerta qui monte jusqu'à très haut pour de simple, disons-le paysans, sonne légèrement faux. Tout comme cette étrange créature mi-Gandalf mi-Sulli trop grande et affamée de chaire humaine pour passer inaperçu, mais que personne ne voit. On se demande ce qu'elle mange en dehors du sacrifice annuel. Des pâtes de fruit peut-être ?
Alors, on pourra regretter des situations trop convenues et des retournements que l'on voit arriver à 100 lieus. Une musique tribale, efficace, mais qui semble être la même que dans tout ce genre d'histoires. Mais le plaisir que procure la performance de Yagira Yuuya n'est pas très loin de celui ressenti dans l'inoubliable Aoi Honoo. Cette série ne pourrait avoir de grotesque que le titre. Mais il reste aussi les rituels chorégraphiés et les clichés sur la déficience physique ou mental dus à la consanguinité, nous rappelant que c'est quand même Disney qui produit et qui fait trop souvent passer le spectaculaire avant la retenue. Elle interroge sur la violence, la vengeance, la fidélité à un clan et à des traditions aussi horribles soient elles. Comme si tout pouvait se justifier, par les liens du sang et de la terre. Vous ne sortirez pas indemne de ces 7 épisodes qui par ce nombre et des durées complètement anarchiques de l'un à l'autre ajouteront encore de la folie à une série qui n'en demandait pas tant. Rien n'est fait pour vous sentir dans une zone de confort en regardant cette série. Et même si le dernier épisode vous achèvera dans votre souffrance visuelle et de stress, il risque aussi de vous laisser un peu sur votre faim. Un comble.
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Iribito: Kotokunibito
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Nature mortifère
Takahata Mitsuki a le pouvoir d'éveiller ma curiosité par sa simple présence dans un drama. Rôles choisis avec soin, elle sait mettre à chaque fois une touche de folie et une grande part d'émotion dans ceux-ci, nous mettant autant le sourire aux lèvres que la larme à l'œil. Trop longtemps cantonnée aux jeunes candides aussi bien étudiante surprotégée, inexpérimentée dans la police, la médecine de campagne ou l'architecture, sa maladresse et sa fragilité l'ont rendu éminemment sympathique pour ceux qui ont un cœur et énervante pour tous les autres. Mais à maintenant 30 ans, des rôles de femmes déterminées, dans une vie active et un peu moins rose bonbon, manquaient à sa palette de couleurs. Et même, si l'ombre des couleurs de l'arc-en-ciel glisse sur ce drama portant sur l'art pictural et sa passion pour celle-ci, c'est bien des tons sombres voir noirs qui vont déborder de la toile que représente ce thriller plein de promesses.
Promesses, déjà, par la présence de vieux briscards comme les excellents Makita Sports, Moriguchi Yoko et surtout Matsushige Yutaka qui va montrer son côté le plus sombre malgré un sourire de façade. Un roman noir va se peindre devant vous avec une mise en scène digne des meilleurs primes de WOWOW pour ne pas dire film de cinéma. Même si la construction donne au début un air un peu fouillis, voir impressionniste vu d'un peu trop près, avec un patchwork de scènes entre Kyoto et Tokyo, passé et présent, les pièces s'assemblent au fur et à mesure du premier épisode, prenne du sens comme lorsque l'on s'éloigne de la peinture pour en apprécier l'ensemble pour finalement tisser des relations, on ne peut plus claires entre les personnages. Des relations toxiques, dans une famille dont les acteurs principaux se sont mariés, peut être pas pour les bonnes raisons. Ce plaçant dans le milieu très huppé des galeries ou des musées d'arts de Ginza, le thème est peu exploité, mais peut être vite écœurant vu les millions brassés et l'argent roi qui débordent de chaque scène à Tokyo.
Heureusement les œuvres sont bucoliques, les paysages de Kyoto, en particulier, ses riches maisons traditionnelles où l'intérieur est sublimé par une direction artistique qui touche au chef-d'œuvre pictural, raisonnent avec cette nature et cette simplicité. Mais le contraste en est que plus fort avec les personnalités noires des protagonistes et ce cadrage assumé d'un Tokyo froid et déshumanisé.
Tout le contraire de Sumire, actrice trop peu présente à la TV, rayonnante et mystérieuse par son côté enfantin qu'elle dégage et qui est l'autre bonne surprise de cette série en 5 épisodes. J'attendais, le retour de celle-ci, dans un rôle fort comme dans Aku no Hadou, je ne suis pas déçu. Troublante par son jeu et surtout son physique. Son regard est une plongée dans l'innocence et la pureté que dépeint ses tableaux. Ce halo de lumière dans ces pièces sombres aux couleurs sépias, font magnifiquement écho à ses œuvres dépeignant une nature originelle accrochées à des murs froids grisâtre.
Une esthétique renforcée à chaque épisode dans l'habitat, dans les jardins et dans les activités traditionnelles comme la calligraphie qui se retrouve magnifiquement mise en avant dès l'épisode 2. Ne parlons pas des costumes ou du langage honorifique présent dans chaque ligne de dialogue. Les mots accompagnent comme une douce musique les images, souvent en plans fixes rappelant la contemplation attentive d'œuvres picturales.
C'est en général, une attention particulière a été apporté aux sons. Si la musique est classique dans sa simplicité et dans son côté glaçant, les sons environnementaux ont vraiment une grande importance et apportent une deuxième couche à une ambiance déjà particulièrement étouffante.
Étouffant, onirique et surréaliste à la fois, c'est vraiment la force de ce drama d'exception au-delà de tout jugement esthétique ou scénaristique. Un coup de maitre qui doit influencer une génération de disciples dans le milieu très fermé des amateurs de séries TV.
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Les méfaits de la 'Discipline Positive'
Le film Damien a profondément marqué l'imaginaire collectif. Régulièrement, des enfants maléfiques réapparaissent dans les productions nippones. C'est si prégnant dans la culture urbaine que la baisse de la natalité pourrait être expliquée par toutes ses histoires effrayantes de charmants bambins habités par le mal. En général, les histoires sont bien plus fines qu'une simple guerre du bien contre le mal, mais parfois et c'est le cas de l'adaptation en Drama du manga Life 2: Giver/Taker, le manichéisme se suffit à lui-même.Dans la lignée du format 5 épisodes, 50 min, un drame urbain et ambiance noir, Giver or Taker est un thriller qui n'a rien d'original pour WOWOW Prime, si ce n'est ce changement radical de voie professionnel de notre héroïne. Instit dans les premières minutes, elle devient enquêtrice dans la police judiciaire pour le reste de la série. Elle sera marquée profondément par l'assassinat de sa fille de 6 ans, par l'un de ses camarades à la gueule d'ange. En détention durant 10 ans, l'histoire commence à sa libération. Si Nakatani Miki a su garder la peau-lice depuis Ring, c'est Kikuchi Fuma qui est censé resplendir de jeunesse. Le leader de SexyZone n'aura de toute façon aucun problème pour faire succomber la fan, mais peinera à convaincre par un surjeu mi-ange mi-démon. Certes, il n'y peut pas grand-chose. Ce n'est pas lui qui choisi les angles de caméra. Mais ce rictus de plaisir caché par ses cheveux devient tout aussi vite énervant que flippant. En même temps, je sors à peine de Daibyouin Senkyou où son côté démoniaque nous forçait à rire, malgré lui. Là, malheureusement, le plaisir malsain qu'il est censé transmettre, fait faux, tant il est mis en valeur à l'image. On préfèrera Furukawa Yuki (Suishou no Kodou) en Serial Killer torturé et plaisant pour ses dames. Il s'en sort quand même pas si mal avec ses airs enfantins, contant de revoir son sensei de Nakatani Miki.
Portant le deuil sur son visage comme sur ses habits, durant toute la série, elle ne fait pas dans le pathos. Même si elle a la larme facile vu les circonstances, elle se reprend avant même d'avoir pris le temps de saisir un Kleenex. Vêtu de blanc pour l'un avec sa gueule d'ange et de noir pour l'autre, l'antagonisme bien-mal est exacerbé. Mais il se heurte au wokisme ambiant. La société bien pensante et même, nous croyons à la rédemption et la réinsertion de ce jeune qui ne savait pas ce qu'il faisait. Nakatani Miki, elle, est persuadée des conséquences dramatiques de la libération de Kikuchi Fuma et pas seulement pour le monde de la musique. L'entêtement de ses supérieurs à ne pas l'écouter va vous énerver, tout en permettant de rallonger ce qui n'est qu'une simple histoire de vengeance(s). Mais pour qui ? Le manque de révélations va vous décevoir jusque dans le dernier épisode. Car, vous comme moi, êtes bien trop habitués à ce genre d'histoire et les Switch à répétition. Si bien que vous scrutez le moindre tique facial des seconds rôles, afin de trouver le retournement de situation qui va tout faire basculer.
Si l'attente peut être longue, reste tout de même une belle découverte des voies professionnelles. Je ne parle pas du métier de Jonny's, mais d'inspecteur, d'instituteur ou même de boulanger. Un espoir pour tous ceux qui cherchent leur voie et ont peur de se tromper. À tout âge et toutes circonstances, on peut repartir de 0 dans le métier qui nous plait. Au Japon tout du moins. Je propose le teaser de la série comme pub pour 'France Travail'. Certain, le chômage sera définitivement vaincu en France. Et les pouvoirs publics pourront enfin s'attaquer aux problèmes de justice des mineurs, de soins et de réinsertion. L'actualité nous rappelle tous les jours à quel point la société est démunie face à ses problèmes.
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