Un jour, je marierai un ange
Kore-Eda fait un peu partie de la famille. C'est l'oncle qui nous rend visite chaque année, pour le festival de Cannes, le temps de recevoir son prix, faire visiter un bout de "La France" à ces acteurs émerveiller et puis s'en va. Comme tout oncle en visite éclaire, il nous rabâche toujours la même vielle histoire. La famille, éclatée, décomposée, recomposée, monoparentale… Celle qui est au banc d'une société japonaise fantasmée par les occidentaux. Mais il faut l'avouer, personne ne sait aussi bien le faire que lui. Ce cercle familial, micro société remplie de la même violence que la grande. Miroir du monde ou la tolérance n'est que de façade. Le microcosme familial comme les communautés se referment sur elles-mêmes, regarde leur nombril et rentre toujours en résonance avec cette société insulaire et repliée sur le passé et sur eux-mêmes.
Vous ne serez pas surpris par l'histoire de Kaibutsu, mais par sa construction qui mérite amplement le prix du scénario, Cannes n'ayant pas de prix de la mise en scène. La construction est faite au couteau et vous tiendra en haleine les 2h du film. En adoptant le point de vue des trois personnages principaux à la suite, mais surtout en respectant la chronologie des évènements qui permet de reconstruire toute l'histoire. On mène l'enquête de manière chirurgicale, et tout se dévoile dans les dernières minutes. Kore-eda dénonce une fois de plus les travers de son pays, la difficile place des minorités et de la différence au sein d'une société ultra-conformiste. Mais clairement, l'occident de 2023 ne peut blâmer un Japon déjà très occidentalisé. Le monde régresse partout. Les minorités, les femmes, la différence sont attaqués de manières insidieuses et le mot tolérance a disparu des discours politiques. Le réalisateur a encore du travail. Kaibutsu-Monster-L'innocense ne sera pas son dernier film, qui mettra en lumière les mères célibataires, les travailleurs de l'humain ou la misère de son pays, mais la mise en scène et l'interprétation sont ici magnifiées. La Palme d'or ou celle du meilleur acteur ou actrice aurait pu être décerné à ce film. Et si la musique en avait une, le regretté Sakamoto Ryuichi en aurait bénéficié. Celle-ci accompagne discrètement, mais magistralement, les émotions distillées par Endo Sakura, Nagayama Eita et les deux jeunes prodiges que sont Kurokawa Souya et Hiiragi Hinata. En mère de famille combative, Endo Sakura sublime son jeu, alors qu'une empathie particulière accompagne ce professeur désenchanté interprèté par l'excellent Nagayama. Mais personne n'est parfait. La mise en scène permet de montrer les ravage de la rumeur, la facilité d'acceptation de celle-ci par des personnages pourtant présentés comme parfaits. La part sombre de chacun est dévoilé, nous remettant tous en question.
Et pourtant, les décors sont bucoliques ou urbains, mais empreints de nostalgie, voir faisant référence au paradis perdu, ce qui permet de parler encore plus à notre petit cœur innocent d'enfant. Les effets notamment de météo sont impressionnants de réalisme pour un film d'auteur. Mais clairement, c'est grâce au jeu de ses acteurs qu'on plonge dans un réalisme dérangeant, mais fascinant. Il montre toute la pourriture d'un système gangrené par le "pas de vague", "on n'y peut rien" et la culture de l'excuse… dommage que les personnages de la trop discrète Takahata Mitsuki ou du "fumier" Nakamura Shido ne sont pas aussi exploités que l'excellente directrice Tanaka Yuuko. Elle incarne tellement cette culture de l'institution avant l'humain que le Japon met en avant et que Endo Sakura tente de combattre. C'est certainement ce que les occidentaux retiendront le plus de ce film et c'est dommage, car la violence du silence, de l'intolérance, du mépris ou de l'indifférence n'est pas culturelle. Elle est mondiale. C'est le combat des castes, et ce film, empreint de philosophie sur l'innocence de l'enfance, la vie, la mort, vous arrachera probablement le cœur avec sa fin ouverte. Moi, il me fait croire dans la réincarnation. Et si celle-ci existe, dans tous les cas, c'est en Kore-Eda que je veux revenir sur terre, car ma vie rêvée, c'est celle de diriger tous ces fabuleux acteurs, pour faire des films aussi universels et humains.
Vous ne serez pas surpris par l'histoire de Kaibutsu, mais par sa construction qui mérite amplement le prix du scénario, Cannes n'ayant pas de prix de la mise en scène. La construction est faite au couteau et vous tiendra en haleine les 2h du film. En adoptant le point de vue des trois personnages principaux à la suite, mais surtout en respectant la chronologie des évènements qui permet de reconstruire toute l'histoire. On mène l'enquête de manière chirurgicale, et tout se dévoile dans les dernières minutes. Kore-eda dénonce une fois de plus les travers de son pays, la difficile place des minorités et de la différence au sein d'une société ultra-conformiste. Mais clairement, l'occident de 2023 ne peut blâmer un Japon déjà très occidentalisé. Le monde régresse partout. Les minorités, les femmes, la différence sont attaqués de manières insidieuses et le mot tolérance a disparu des discours politiques. Le réalisateur a encore du travail. Kaibutsu-Monster-L'innocense ne sera pas son dernier film, qui mettra en lumière les mères célibataires, les travailleurs de l'humain ou la misère de son pays, mais la mise en scène et l'interprétation sont ici magnifiées. La Palme d'or ou celle du meilleur acteur ou actrice aurait pu être décerné à ce film. Et si la musique en avait une, le regretté Sakamoto Ryuichi en aurait bénéficié. Celle-ci accompagne discrètement, mais magistralement, les émotions distillées par Endo Sakura, Nagayama Eita et les deux jeunes prodiges que sont Kurokawa Souya et Hiiragi Hinata. En mère de famille combative, Endo Sakura sublime son jeu, alors qu'une empathie particulière accompagne ce professeur désenchanté interprèté par l'excellent Nagayama. Mais personne n'est parfait. La mise en scène permet de montrer les ravage de la rumeur, la facilité d'acceptation de celle-ci par des personnages pourtant présentés comme parfaits. La part sombre de chacun est dévoilé, nous remettant tous en question.
Et pourtant, les décors sont bucoliques ou urbains, mais empreints de nostalgie, voir faisant référence au paradis perdu, ce qui permet de parler encore plus à notre petit cœur innocent d'enfant. Les effets notamment de météo sont impressionnants de réalisme pour un film d'auteur. Mais clairement, c'est grâce au jeu de ses acteurs qu'on plonge dans un réalisme dérangeant, mais fascinant. Il montre toute la pourriture d'un système gangrené par le "pas de vague", "on n'y peut rien" et la culture de l'excuse… dommage que les personnages de la trop discrète Takahata Mitsuki ou du "fumier" Nakamura Shido ne sont pas aussi exploités que l'excellente directrice Tanaka Yuuko. Elle incarne tellement cette culture de l'institution avant l'humain que le Japon met en avant et que Endo Sakura tente de combattre. C'est certainement ce que les occidentaux retiendront le plus de ce film et c'est dommage, car la violence du silence, de l'intolérance, du mépris ou de l'indifférence n'est pas culturelle. Elle est mondiale. C'est le combat des castes, et ce film, empreint de philosophie sur l'innocence de l'enfance, la vie, la mort, vous arrachera probablement le cœur avec sa fin ouverte. Moi, il me fait croire dans la réincarnation. Et si celle-ci existe, dans tous les cas, c'est en Kore-Eda que je veux revenir sur terre, car ma vie rêvée, c'est celle de diriger tous ces fabuleux acteurs, pour faire des films aussi universels et humains.
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