Cette critique peut contenir des spoilers
Documentaire sur la révolte de mai à Gwangju
Tout a commencé lors de la cérémonie d’ouverture des archives de ce soulèvement, en mai 2015. « mais c’est Kim Gun » s’exclame avec surprise Ju ok à la vue de cette photo, montrant un jeune homme sur un camion, armé d’un fusil mitrailleur. Elle avait l’habitude de distribuer des boules de riz à ses voisins pendant les évènements. Le réalisateur Kang SangWoo,qui la connaissait depuis qu’il collectait des images de la révolte en 2014, s’intéresse à cette photo et retrouve le nom du photographe de l’époque ainsi que la date : 20/22 mai 1980.C’est alors que le général Ji Man Won entre en scène, certifiant que Kim-gun n’est autre qu’un agent nord-coréen infiltré pour pousser les étudiants à la révolte. Il prétend même qu’il y en avait 600, et se sert de prétendues reconnaissances faciales pour affirmer qu’il a reconnu Kim-gun dans un Ministre du gouvernement de la Corée du Nord
photo.
Kang Sang Woo va alors entreprendre une minutieuse enquête parmi les survivants, avec un travail de fourmi pour mettre un nom sur les personnages des très nombreuses photos des évènements. Au cours du documentaire, on arrive peu à peu à circonscrire un groupe de quelques personnes qui à qui Kim Gun appartenait. Certains se reconnaissent dans le groupe.
Les questions demeurent : qu’est-il devenu ? Malgré la publication cette photo il ne s’est jamais manifesté, il n’y aucune trace de lui, il semble avoir disparu. Il pourrait avoir appartenu à un groupe de sans-abris, vivant plus ou moins sous les ponts. Cela confirme-t-il la thèse du Général ? Ou a-t-il été exécuté d’une balle dans la tête à la suite d’une arrestation comme de nombreux autres acteurs de la Milice Citoyenne ?
A travers cette enquête, et les souvenirs des survivants, on partage l’horreur d’une répression sanglante et terrible, et les images de cette jeunesse - ils avaient tous entre 20 et30 ans -nous brisent le cœur. On n’oubliera pas ce visage, devenu le symbole de l’arrivée de la démocratie en Corée du Sud.
A partir de 2017 la commémoration de cet évènement a repris l’ampleur que le gouvernement conservateur lui avait confisqué et les paroles de « la marche pour les bien-aimés » ont à nouveau retenti, chantées par tous, officiels et public compris.
« Ne laissant derrière nous ni l’amour, ni la gloire, ni nos noms,
Nous nous sommes engagés à marcher ensemble pour le reste de notre vie.
Nos camarades ne peuvent être retrouvés, mais notre bannière flotte toujours.
Nous nous battrons jusqu’à ce qu’un nouveau jour arrive.
Le temps passe, mais les montagnes et les ruisseaux se souviennent
du cri ardent de ceux qui sont réveillés,
Je vais de l’avant, alors suivez-moi, vous qui vivez,
Je vais de l’avant, alors suivez-moi, vous qui vivez. »
Originaire de Séoul, Kang n'avait aucune connaissance de Gwangju avant de réaliser le documentaire. Pour lui, les événements de mai 1980 étaient un «mouvement démocratique de la taxidermie».
"C’est vrai que j’ai eu du mal à comprendre le récit des générations précédentes du 18 mai et toute leur indignation", a-t-il admis.
"Pendant que je tournais le film, ces pensées ont changé", a-t-il déclaré le 7 mai.
«Cela m'a brisé le cœur de voir combien d'anciens membres de la milice citoyenne luttaient. Mais en dehors de Gwangju, les gens ont toujours tendance à les considérer comme des "rebelles", vous savez? Je voulais utiliser les propres voix des membres de la milice pour aider les jeunes gens comme moi à voir le 18 mai avec un esprit ouvert. "
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