Ne le dis à personne... mais c'est le meilleur
J’ai un secret. Le meilleur thriller de 2025, en termes d’originalité scénaristique et de mise en scène… ne date pas de 2025. Il ne date même pas d’il y a cinq ans, comme la science nous permet de remonter dans nos souvenirs. Il est même plus ancien que cette première adaptation en film de 2016, ou que ce spin-off et anime de 2012. Non, le premier volume de Himitsu: The Top Secret, en manga, a bien été écrit en 1999.
Ce mélange des genres improbable entre Boys Love (soft, mais affirmé) et des dystopies de plus en plus réelles comme Psycho-Pass, Brazzil ou Bienvenue à Gattaca, m’a laissé un souvenir ineffaçable grâce à ses qualités d’écriture et de réalisation.
À moins que ce cerveau ne me joue des tours en par trop d'hallucinations.
Explications :
Alors que je n’avais jamais entendu parler de l’anime, en ce mois de janvier 2025, seul le titre m’avait mis la puce à l’oreille. Un titre ronflant, avec un visuel, me faisant penser à un josei assuré. Un énième triangle amoureux avec un secret honteux en filigrane.
Je lance donc le premier épisode et là... je vais de surprise en surprise pendant les premières minutes. Et ce n’était que le début. Car épisode après épisode, mon cerveau allait être imprégné de scènes toutes plus intenses et pour certaines très violentes.
Des scènes sorties d'un cerveau tourmenté
Alors que les thrillers — et a fortiori ceux d’anticipation — deviennent de plus en plus fades au fil de la multiplication des plateformes de streaming et des chaines de TV, semblant écrits par une IA, tant les personnages, situations et retournements sont prévisibles, Himitsu nous saisit dès le premier épisode.
Par sa musique, sa mise en scène, le rictus des acteurs… on assiste à une déconstruction du genre. Les trahisons arrivent dès les premières minutes, les scènes intenses aussi. Et je vous conseille vivement de ne rien lire comme résumé sur la série pour profiter pleinement du scénario retors élaboré par l'autrice.
Pas de rictus suspects pendant des épisodes pour nous indiquer qu'un personnage est bon ou mauvais. Pas, ou peu, d’amours contrariés, ou de « je te tourne autour malgré ta préférence pour l’autre, mais je ne veux pas gâcher mon amitié avec toi ». On connait d'amblé les relations qui paraissent être un statu quo amoureux. De même pour les persos secondaires. On ne tourne pas autour du pot pendant cinq épisodes Qui est un salaud, qui a fait des choses horribles.
On assiste donc à l’exact opposé d'un secret bidon révélé au dernier épisode (Kujaku no Dansu, si tu me regardes).
Pas de premiers épisodes anecdotiques où les héros résolvent des enquêtes sans lien entre elles, dévoilant lentement leurs failles et leurs secrets.
Et c’est en cela que la série est géniale : elle ne vous prend pas pour un con. Elle est sans artifice, brutale et troublante de réalisme.
Alors même qu’elle est estampillée josei, voire boys love en manga, elle est clairement SF, dystopique, et d’une noirceur désespérante. Égale à tout ce qui a été fait de 1984 à Psycho-Pass pour anticiper le monde de demain qui ressemble toujours plus à celui d'aujourd'hui. Seule la lecture des pensées des morts semble encore impossible, mais pour combien de temps...
Les garde-fous vont bientôt céder, tant l’efficacité de résolution des enquêtes semble prouvée dans la série. Mais tout cela avec une intelligence rare, soulevant des interrogations philosophiques et éthiques. Sans compter les erreurs de jugement, les mauvaises interprétations des visions, la folie des personnes décédées... mais aussi celle de ceux qui travaillent dans la Section 9, à force de pénétrer l’inconscient, parfois criminel, de leurs sujets.
On assiste donc à une série à ne pas mettre entre toutes les mains.
Même si le caractère affectif est bien marqué, la relation entre ce trop jeune (en apparence) Maki-kun et les hommes de la série trouble autant qu’elle fascine — y compris pour un hétéro. Le manga, écrit de main de maître par l’autrice Reiko Shimizu, est aussi anxiogène que sentimental, et c’est cela sa force.
Alors bien sûr, on pourra regretter le trait forcé des deux (trois, vous comprendrez en regardant) personnages principaux masculins, voulant sans doute coller au plus près du genre littéraire.
Mais la galerie des personnages secondaires — de Kadowaki Mugi à Kunimura Jun, en passant par Takahashi Tsutomu — rend la série d’un réalisme troublant.
Évitant l’écueil d’une série essentiellement masculine à destination d'une minorité genrée ou non, grâce notamment aux enquêtes à résoudre, ce boys love est à mettre entre toutes les mains de plus de 18 ans.
Très violent et désespérant pour notre avenir, l’adolescent n’en sortira qu’avec des idées noires. Mais l’adulte, lui, saura apprécier enfin un thriller de SF brut, qui ne vous prend pas pour un gosse incapable d'utiliser son cerveau pour trouver lui-même les coupables.
Inutile donc de faire semblant de cacher un secret bidon pendant dix épisodes.
Non. On vous balance tout. Et faites-vous votre propre opinion sur les actes de nos anti-héros. Et pour cela, vous serez accompagné d’une musique aussi anxiogène qu’excellente. Bien sûr, l'ending et l'opening seront assurés par des Johnny's, on en attendait pas moins, vu le casting, mais s'intègrent parfaitement à l'ambiance.
Ne vous détrompez pas : peu d’effets spéciaux accompagneront votre ego trip.
Au contraire, tout est dans la retenue et le dystopisme, à commencer par cette technologie en ronce de noyer et acajou.
Mais bon sang… qu’est-ce que c’est bon de se concentrer sur l’essentiel dans un drama. Chaque épisode est une révélation, sur le monde qui nous entoure et vers où il va.
Bien sûr, il faudra peut-être regarder vingt minutes d’Alice-san Chi no Iroribata pour se remettre d’une heure de Himitsu: The Top Secret.
Mais vos neurones en ressortiront grandis.
Ce mélange des genres improbable entre Boys Love (soft, mais affirmé) et des dystopies de plus en plus réelles comme Psycho-Pass, Brazzil ou Bienvenue à Gattaca, m’a laissé un souvenir ineffaçable grâce à ses qualités d’écriture et de réalisation.
À moins que ce cerveau ne me joue des tours en par trop d'hallucinations.
Explications :
Alors que je n’avais jamais entendu parler de l’anime, en ce mois de janvier 2025, seul le titre m’avait mis la puce à l’oreille. Un titre ronflant, avec un visuel, me faisant penser à un josei assuré. Un énième triangle amoureux avec un secret honteux en filigrane.
Je lance donc le premier épisode et là... je vais de surprise en surprise pendant les premières minutes. Et ce n’était que le début. Car épisode après épisode, mon cerveau allait être imprégné de scènes toutes plus intenses et pour certaines très violentes.
Des scènes sorties d'un cerveau tourmenté
Alors que les thrillers — et a fortiori ceux d’anticipation — deviennent de plus en plus fades au fil de la multiplication des plateformes de streaming et des chaines de TV, semblant écrits par une IA, tant les personnages, situations et retournements sont prévisibles, Himitsu nous saisit dès le premier épisode.
Par sa musique, sa mise en scène, le rictus des acteurs… on assiste à une déconstruction du genre. Les trahisons arrivent dès les premières minutes, les scènes intenses aussi. Et je vous conseille vivement de ne rien lire comme résumé sur la série pour profiter pleinement du scénario retors élaboré par l'autrice.
Pas de rictus suspects pendant des épisodes pour nous indiquer qu'un personnage est bon ou mauvais. Pas, ou peu, d’amours contrariés, ou de « je te tourne autour malgré ta préférence pour l’autre, mais je ne veux pas gâcher mon amitié avec toi ». On connait d'amblé les relations qui paraissent être un statu quo amoureux. De même pour les persos secondaires. On ne tourne pas autour du pot pendant cinq épisodes Qui est un salaud, qui a fait des choses horribles.
On assiste donc à l’exact opposé d'un secret bidon révélé au dernier épisode (Kujaku no Dansu, si tu me regardes).
Pas de premiers épisodes anecdotiques où les héros résolvent des enquêtes sans lien entre elles, dévoilant lentement leurs failles et leurs secrets.
Et c’est en cela que la série est géniale : elle ne vous prend pas pour un con. Elle est sans artifice, brutale et troublante de réalisme.
Alors même qu’elle est estampillée josei, voire boys love en manga, elle est clairement SF, dystopique, et d’une noirceur désespérante. Égale à tout ce qui a été fait de 1984 à Psycho-Pass pour anticiper le monde de demain qui ressemble toujours plus à celui d'aujourd'hui. Seule la lecture des pensées des morts semble encore impossible, mais pour combien de temps...
Les garde-fous vont bientôt céder, tant l’efficacité de résolution des enquêtes semble prouvée dans la série. Mais tout cela avec une intelligence rare, soulevant des interrogations philosophiques et éthiques. Sans compter les erreurs de jugement, les mauvaises interprétations des visions, la folie des personnes décédées... mais aussi celle de ceux qui travaillent dans la Section 9, à force de pénétrer l’inconscient, parfois criminel, de leurs sujets.
On assiste donc à une série à ne pas mettre entre toutes les mains.
Même si le caractère affectif est bien marqué, la relation entre ce trop jeune (en apparence) Maki-kun et les hommes de la série trouble autant qu’elle fascine — y compris pour un hétéro. Le manga, écrit de main de maître par l’autrice Reiko Shimizu, est aussi anxiogène que sentimental, et c’est cela sa force.
Alors bien sûr, on pourra regretter le trait forcé des deux (trois, vous comprendrez en regardant) personnages principaux masculins, voulant sans doute coller au plus près du genre littéraire.
Mais la galerie des personnages secondaires — de Kadowaki Mugi à Kunimura Jun, en passant par Takahashi Tsutomu — rend la série d’un réalisme troublant.
Évitant l’écueil d’une série essentiellement masculine à destination d'une minorité genrée ou non, grâce notamment aux enquêtes à résoudre, ce boys love est à mettre entre toutes les mains de plus de 18 ans.
Très violent et désespérant pour notre avenir, l’adolescent n’en sortira qu’avec des idées noires. Mais l’adulte, lui, saura apprécier enfin un thriller de SF brut, qui ne vous prend pas pour un gosse incapable d'utiliser son cerveau pour trouver lui-même les coupables.
Inutile donc de faire semblant de cacher un secret bidon pendant dix épisodes.
Non. On vous balance tout. Et faites-vous votre propre opinion sur les actes de nos anti-héros. Et pour cela, vous serez accompagné d’une musique aussi anxiogène qu’excellente. Bien sûr, l'ending et l'opening seront assurés par des Johnny's, on en attendait pas moins, vu le casting, mais s'intègrent parfaitement à l'ambiance.
Ne vous détrompez pas : peu d’effets spéciaux accompagneront votre ego trip.
Au contraire, tout est dans la retenue et le dystopisme, à commencer par cette technologie en ronce de noyer et acajou.
Mais bon sang… qu’est-ce que c’est bon de se concentrer sur l’essentiel dans un drama. Chaque épisode est une révélation, sur le monde qui nous entoure et vers où il va.
Bien sûr, il faudra peut-être regarder vingt minutes d’Alice-san Chi no Iroribata pour se remettre d’une heure de Himitsu: The Top Secret.
Mais vos neurones en ressortiront grandis.
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